Les attributs du pouvoir et leur confiscation aux femmes. Le genre et la parole.

Partie 1 : l’occupation de l’espace
Partie 2 : le temps de parole et le choix des sujets de conversation
Partie 3 : l’expression de la colère

parole

Nous avons vu que les hommes – ou du moins les personnes masculines – occupaient plus d’espace que les personnes féminines. Nous allons voir maintenant comment se répartit le temps de parole entre les genres.

Je vous renvoie d’emblée à cet article très intéressant « La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation » de Corinne Monnet. Cependant, la plupart des références de l’article sont un peu anciennes (années 1970 et 1980) ; je vais donc tenter de les réactualiser dans cet article, et d’apporter des informations complémentaires.

Avant de continuer plus loin, je voudrais expliquer les « règles du jeu » de la conversation, comme les ont définies Sacks H., Schegloff E. et Jefferson G.(les fondateurs de l’analyse conversationnelle) en 19741, et qui restent toujours pertinentes. Selon eux, la conversation est un système organisé normalement pour permettre deux choses : 1. Qu’une seule personne parle à un moment donné 2. Que les interlocuteurs se relaient. La conversation idéale suppose qu’il y ait ni interruptions ni silences entre les tours de paroles, et elle devrait permettre à chacun de s’exprimer de manière équivalente.

Il existe donc des « violations » de ces règles de fonctionnement, qui sont les interruptions, mais aussi les silences – les chevauchements ont été plutôt interprétés comme des dysfonctionnement du système2-. Interrompre s’oppose au droit de parole de l’autre, tandis que rester silencieux indique un manque de coopérativité. Ces violations dénient à l’autre le statut d’égal.

Femmes et hommes : qui parle le plus ?

Selon un mythe bien ancré, les femmes parleraient plus que les hommes. Or les études universitaires ont montré que c’est plutôt le contraire : une méta-analyse de 2007 a montré qu’en général, les hommes parleraient plus que les femmes3. Une review de 1993 allait également dans ce sens4. Cela est surtout vrai dans les environnements mixtes3comme les réunions, ou bien dans les contextes formels et publics (séminaire, débat télévisé, discussion de classe) où les contributions augmentent fortement le statut social5. Dans les contextes moins formels et intimes, la contribution des femmes seraient plus importante : ainsi, dans une étude qualitative de 1991 portant sur 7 couples hétérosexuels, les femmes parlaient plus que les hommes6.

Un débat télévise

Lors des débats télévisés, les interventions des femmes sont moins fréquentes et moins longues que celles des hommes.

Par ailleurs, d’après une méta-analyse de 19987, qui recouvrait des travaux des trois décades précédentes (soit 1968-1998), les hommes ont plus tendance à interrompre de manière « intrusive »,c’est-à-dire dans le but d’usurper la parole à autrui afin de montrer son pouvoir7,8. Les femmes interrompent aussi, mais moins souvent, et quand elles le font, c’est pour avoir un complément d’information, montrer son intérêt ou faire des commentaires d’encouragements7. Une review de 1993 montre que les études sur les interruptions sont contradictoires ; cependant 13 études sur 21 indiquent que les femmes sont plus souvent interrompues que les hommes alors que seulement 2 études montraient que les hommes étaient plus interrompus que les femmes9. Il est intéressant de noter que  sur 19 études où le sexe des interrupteurs était spécifié, il n’y en avait aucune qui montrait que les hommes interrompaient plus souvent les hommes que les femmes: dans 9 études les hommes interrompaient plus souvent les femmes, tandis que dans 10, les hommes interrompaient les deux sexes de manière équivalente9. Un tableau récapitulatif de la review de 1993 est donné ci-dessous :

Interruption par des hommes Nombre d’études
Hommes interrompaient femmes et hommes de manière équivalente 11
Hommes interrompaient plus souvent les femmes 8
Hommes interrompaient plus souvent les hommes 0

 

Interruption par des femmes Nombre d’études
Femmes interrompaient femmes et hommes de manière équivalente 12
Femmes interrompaient plus souvent les femmes 4
Femmes interrompaient plus souvent les hommes 1
Résultats dépendant du contexte 2

 

Cas où le sexe des interrupteurs n’est pas connu Nombre d’études
Femmes et hommes interrompus de manière équivalente 0
Femmes plus souvent interrompues 2
Hommes plus souvent interrompus 0

La méta-analyse de 1998 suggère cependant, qu’au cours du temps, ces différences dans le comportement d’interruption entre les sexes se sont légèrement réduites7. Par ailleurs, ces différences ne sont visibles que dans les groupes d’au moins trois individus7 : les grands groupes (réunion, classe) serait ainsi une occasion pour les hommes de montrer leur pouvoir.

Une méta-analyse de 2002 a montré que les personnes dominantes sont celles qui parlent le plus10. Cette relation entre temps de parole et pouvoir était présente qu’elle que soit le type de domination : domination liée à la personnalité ou domination liée à un statut social. Cette corrélation était également  plus forte chez les hommes que les chez femmes, ce qui tend à confirmer que chez les hommes, établir un statut de pouvoir est une fonction importante de la parole. Les femmes parlent également pour établir un statut social, mais cela est moins marqué, et la parole a surtout pour fonction d’établir des liens.

Ainsi, la différence en temps de parole entre hommes et femmes et le fait que globalement les hommes ont tendance à prendre la parole aux femmes en les interrompant, pourraient être liés à une différence de statut entre les deux sexes dans la société.

Communiquer dans des desseins différents : pouvoir vs. création de lien

La corrélation entre temps de parole et la domination est moins forte chez les femmes que chez les hommes. C’est l’un des nombreux indices qui suggèrent que les hommes parlent essentiellement dans le but de maintenir ou d’élever leur statut social, quand les femmes communiquent verbalement dans l’objectif de créer des liens. D’autres différences dans les discours féminins et masculins corroborent cette idée.

D’abord, les hommes se montrent généralement moins coopératifs dans la conversation et chercheraient surtout à avoir la parole11. Ainsi en 1975, Zimmerman & West2 ont pu montrer que les hommes utilisaient plus souvent des « réponses minimales retardées », c’est-à-dire des « hum, hum », des « oui » mais énoncés quelques secondes après que leur interlocuteur ait fini de parler. Quand les réponses minimales ne sont pas retardées, elles signalent une attention constante ; quand elles sont formulées avec du retard, elles expriment au contraire du désintérêt, et s’apparentent à des silences. Les hommes ont également tendance à avoir moins de contacts visuels avec leur interlocuteur, ce qui peut aussi témoigner d’une faible coopérativité6,12. Les femmes, quant à elles, font à l’inverse des efforts pour lancer et maintenir la conversation13. Par exemple, elles posent des questions pour lancer la conversation : « Comment était ta journée ? », « Raconte-moi ton voyage ! ».  Elles ont également tendance à exprimer de l’intérêt par rapport à ce que dit leur interlocuteur, en multipliant les contacts visuels ou en formulant des phrases comme « Dis-en moi plus », « C’est intéressant »12,13.

La moindre coopérativité des hommes s’exprime également dans le fait qu’ils ne cherchent pas à suivre les sujets de conversation qu’on leur propose : au contraire, ils profitent de ce que dit autrui pour changer de sujet6,12. A l’inverse, les femmes, en montrant de l’intérêt pour leur interlocuteur et en l’encourageant à continuer, font l’effort de maintenir le thème de conversation qu’on leur propose6,12.

Ensuite, le langage des hommes et des garçons est plus direct et autoritaire que celui des femmes et des filles3,12,14. Il est également plus informatif et utilitaire13. Les hommes ont également souvent tendance à donner des conseils et à exprimer peu de compassion13. Or, donner des conseils peut être un moyen d’exprimer une certaine supériorité (« Je sais ce que tu devrais faire ») et peut-être vécu comme condescendant.

De plus, alors que les femmes évitent les conflits et les marques de désaccord ou de mécontentement10,12, les hommes n’hésitent pas créer des joutes verbales, à s’insulter ou à se vanter11. Les hommes s’expriment également de manière moins formelle et polie et s’excuse moins facilement11.

femmes parlant

Les femmes mettent en avant des expériences communes avec leur interlocuteurs.

Enfin, les sujets de conversation ne sont pas non plus les mêmes. Les hommes parlent davantage du travail, de sport, de bricolage ou de voiture, bref d’activités ou d’objets. Au contraire, les femmes conversent plutôt sur les gens et sur les relations qu’elles ont avec eux.  Les sujets de conversation masculins sont l’occasion pour les hommes de montrer leur habilité, leurs compétences ou leurs connaissances. Quant au sujets de conversation féminins, cela permet aux femmes de mettre en avant des expériences communes avec leur interlocuteur13. Elles utilisent des phrases telles que « Tu n’es pas la seule à ressentir cela », « Moi aussi, j’ai fait ça », « La même chose m’est arrivée il y a quelques années, et j’ai eu la même réaction que toi », etc. Cela leur permet de créer un rapport d’égalité entre les interlocuteurs. Ces sujets sont également propices à l’expression des sentiments et de ceux d’autrui13,15 (« Comment tu l’as pris ? » « Tu crois qu’il l’a fait exprès ? »). Les femmes expriment également de la compréhension et de la compassion13 : « Oh, tu dois te sentir mal », « Je comprends tout à fait ».

A noter cependant qu’à force de multiplier les études sur les différences dans le discours des hommes et des femmes, on a eu tendance à surestimer ces différences. En réalité, certes des différences moyennes peuvent être observées dans l’usage de la parole chez les deux sexes, mais il faut garder à l’esprit qu’il y a également de nombreuses similarités. Parler de « genderlect » ou de « langage propre à chaque sexe » est donc quelque peu exagéré16.

Conversation mixte : exemple de l’étude qualitative de DeFrancisco

Ces différences, certes petites mais significatives, dans le style de conversation, font qu’en groupes mixtes, les hommes sont largement avantagés et dominent clairement la conversation. L’étude qualitative de DeFrancisco, datant de 1991, est intéressante à ce sujet : elle porte sur des conversations au sein de 7 couples hétérosexuels6.

DeFrancisco voulait poursuivre et reprendre le travail de Fishman, datant de 1978 et portant sur des couples hétérosexuels17. Fishman fut la première à introduire la notion de « travail conversationnel ». Elle avait constaté que les femmes faisaient de gros efforts pour lancer ou maintenir la conversation avec leur partenaire masculin, mais que leurs efforts n’étaient pas suivis d’effets : elles se faisaient interrompre, ou bien leur partenaire changeait de sujet. A l’inverse, quand les hommes lançaient un sujet de conversation, leur compagne déployait un effort considérable pour soutenir le thème de conversation, en montrant notamment leur intérêt ou en le relançant par des questions. Comme beaucoup de travaux féminins, le travail conversationnel est invisibilisé.

DeFranciso a voulu rajouter quelque chose d’important à ce travail : le point de vue personnel des interlocuteurs. Elle a donc ajouté des interviews en plus de ses analyses de conversation.

Ses résultats montrent que les hommes demeuraient relativement silencieux et que leur comportement faisait taire les femmes ; ainsi bien que les femmes parlaient plus (63% du temps de parole), cela ne signifiait pas qu’elles dominaient la conversation. En effet, les violations du tour de parole étaient surtout l’œuvre des hommes : 64% des violations étaient réalisées par des hommes, toute catégorie confondue :

  • Pas de réponse : 68% par les hommes
  • Interruptions : 54% par des hommes
  • Réponses retardées : 70% par des hommes
  • Réponses minimales retardées : 60% par des hommes

Il y avait d’autres stratégies effectuées par les hommes pour montrer leur désintérêt et réduire au silence leurs femmes, comme sortir de la pièce au bout milieu de la conversation, ou bien faire plus attention à la télévision qu’à ce que disait leur épouse.

Les femmes lançaient le plus de sujet de conversation (63% des sujets de conversation lancés) mais ils étaient moins souvent suivis avec succès : seulement 66% des sujets de conversation lancés par les femmes étaient suivis, contre 76% pour les hommes. Les hommes avaient tendance à minimiser ou à ridiculiser les sujets de conversation et les préoccupations de leur compagne, en disant des choses comme « Pourquoi s’inquiéter de cela, alors que c’est même pas encore arrivé ? ».

Conversation entre époux

« Je voudrais que tu la fermes et que tu arrêtes cette satanée conversation pendant que j’essaye de lire le journal !« 

En examinant les sujets de conversation, DeFrancisco se rendit compte que tous les sujets de conversation avaient les mêmes chances d’être lancés par les deux sexes, sauf un : les émotions personnelles, qui fut seulement lancé par des femmes (sans succès, d’ailleurs), mais rarement.  DeFrancisco a donc jugé raisonnable l’hypothèse selon laquelle le sujet de conversation n’était pas le problème. Selon elle, un individu dans le couple (l’homme) a le pouvoir de choisir ou non quel sujet est digne d’intérêt, et que ce pouvoir est une forme de contrôle et de mise en silence de l’autre (la femme).

L’analyse des conversations montrent également que les hommes sont parfois très paternalistes, voire condescendants, avec leur épouse ou compagne. DeFrancisco donne l’exemple d’un homme, Robert, qui parle lentement et avec une voix exagérément articulée, à sa femme, comme si elle était une enfant. Elle donne également l’exemple du couple de Sharon et Jerry. Quand Sharon demanda l’avis de Jerry sur une annonce dans le journal, celui-ci lui dit « Sois prudente, ne t’embourbe pas dans quelque chose dont tu ne saurais pas sortir. Comme donner ton numéro de carte de crédit » ce à quoi Sharon répliqua « Je sais, je ne suis pas débile ». Ces remarques paternalistes ont pour effet d’anéantir les efforts des femmes pour lancer la discussion.

Les interviews sont intéressantes : elles montrent que les femmes cherchent désespérément à discuter avec leur compagnon ou mari, afin de mieux les connaitre ou de partager quelque chose. C’est ainsi qu’une femme disait :

Je veux qu’il me dise ce qu’il pense, ce qu’il ressent… Il y a à peu près un mois, je lui ai dit « Parle-moi, ne t’assois pas là juste en mettant les pieds sous la table ! Parle-moi… »

Les femmes se plaignaient très peu des interruptions, et étaient plutôt inquiètes de ne pas avoir de réponses quand elles parlaient à leur époux. Elles avaient aussi tendance à exprimer leur mécontentement à propos du fait que leur époux faisait semblant de les écouter. Une femme racontait ainsi avoir essayé de multiples stratégies pour attirer l’intention de mari : elle l’interrogeait sur ce qu’elle avait dit, si elle pensait qu’il ne l’avait pas vraiment écouté ; elle utilisait des stratégies de culpabilité ou de jalousie ; ou bien tout simplement, elle lançait des sujets de conversation qui l’intéressait.

Les interviews des hommes montrent que ceux-ci se justifient en disant qu’ils n’avaient pas envie de discuter, ou que leur épouse leur avait déjà parlé de telle ou telle préoccupation particulière. Ils disaient également qu’après une journée de travail, ils souhaitaient regarder la télévision en paix.

En conclusion, les femmes font un travail considérable pour lancer et maintenir la conversation, mais ces efforts sont vains. Elles sont réduites au silence par leur partenaire, à l’aide de multiples stratégies, témoignant en général de désintérêt à leur égard. Globalement, ce genre de comportements, en plus des remarques paternalistes, témoignaient d’une certaine condescendance des hommes de cet échantillon, par rapport à leur épouse. Les hommes semblaient avoir le contrôle de la conversation, et les femmes étaient contraintes de s’y adapter.

La socialisation à l’origine du genre dans la conversation

Nous allons voir maintenant comment la socialisation dans l’enfance induit des façons de communiquer différentes chez les hommes et les femmes.

Cette socialisation commence avec les parents. Une méta-analyse de 199818 indique que les mères stimulent verbalement leurs enfants plus souvent que les pères. Par ailleurs, les pères ont plus tendance à donner des ordres ou à utiliser un langage informatif quand ils s’entretiennent avec leur progéniture. A l’inverse, les mères utilisent plus souvent un discours de soutien (compliment, approbation,…) ou un discours négatif (critiques, réprobations,…), bref un langage plus centré sur le relationnel et les émotions. Enfin cette méta-analyse a également montré que les mères ont tendance à être plus loquaces avec leurs filles et qu’elles employaient plus souvent un discours de soutien avec ces dernières. Tout semble indiquer les parents offrent des modèles genrés selon lesquels les femmes utilisent la parole pour créer des liens, et les hommes pour obtenir quelque chose ou affirmer un statut social.

Des études montrent  également que le discours des parents à propos des émotions tend à être différent avec les filles et les fils durant la petite enfance. Tout d’abord, les parents ont tendance à discuter d’expériences plus émotionnelles et à employer plus fréquemment des termes centrés sur les émotions, avec leurs filles qu’avec leurs fils19–21. De plus, le type d’émotion évoqué diffère selon le sexe de l’enfant : les parents font plus souvent référence à la tristesse avec les filles qu’avec les garçons19,21,22, tandis qu’ils évoquent plus souvent la colère avec les garçons qu’avec les filles22. La colère est une émotion liée à l’affirmation de soi, en cohérence avec le rôle traditionnellement masculin, alors que la tristesse est un état plus passif et moins dominant, plutôt reliée traditionnellement au rôle féminin.

parents parlant à leur enfant

Les parents parlent plus de leurs émotions aux filles qu’aux garçons.

La socialisation a également lieu au contact des autres enfants. Les jeunes enfants jouent principalement dans des groupes ségrégés par le sexe, et filles et garçons jouent à des jeux différents qui impliquent des manières de communiquer différentes.13

foot

La plupart des jeux masculins sont compétitifs.

Les garçons jouent en groupes relativement large13. La plupart des jeux masculins (foot par exemple) sont compétitifs et sont spécifiés par des règles. Comme ces jeux sont structurés par des objectifs et des règles, il n’y a pas de raison de discuter de comment y jouer. Dans ces jeux, un individu aura un statut social élevé s’il parvient à se faire remarquer, à bien jouer et à dominer les autres joueurs. De cette façon les garçons apprennent que la parole sert à s’affirmer, à mettre en avant ses idées et à attirer  l’attention. Les garçons apprennent également, en discutant de stratégie au cours du jeu, à utiliser la parole pour réaliser quelque chose.

Les filles quant à elles jouent en petits groupes, de deux ou trois personnes13. Des jeux de rôle comme « jouer

filles

Les filles ont besoin de communiquer pour résoudre les problèmes dans leurs jeux.

à la maîtresse et aux élèves » ou « jouer à la maman et au papa » n’ont pas de règles préétablies. Les petites filles doivent donc discuter pour savoir qui fait quoi et comment. Par ailleurs, contrairement aux jeux masculin, ces jeux n’ont pas d’objectifs particuliers, et permet aux filles de s’intéresser à l’interaction elle-même plutôt qu’à la finalité de l’interaction. Pour que les jeux féminins fonctionnent, les petites filles doivent coopérer et résoudre les problèmes en communiquant. Ainsi, les filles apprennent à utiliser la parole pour créer et maintenir des relations. Le processus de communication, et non pas son contenu, est au cœur de la relation. Les petites filles apprennent à éviter de critiquer ou de rabaisser les autres ; si une critique est nécessaire, elles apprennent à leur faire de manière diplomatique et douce.

Enfin, à l’école, les professeurs interagissent plus souvent avec les garçons qu’avec les filles23–25 : ils les interrogent plus fréquemment, leur laissent plus de temps pour répondre et passent plus de temps à répondre à leurs interventions26. On peut supposer que cela aide les garçons à acquérir une plus grande aisance ce qui concerne la prise de parole en public.

 Conclusion : les femmes, ces bavardes ; comment on les prive de parole

La parole est un moyen d’affirmer son statut social, plus particulièrement chez les hommes. En effet, les femmes et les hommes communiquent à des desseins différents. Les femmes ont plus tendance à se concentrer sur l’aspect affectif de l’interaction que les hommes. Elles se servent de la parole pour créer des liens de solidarité, même dans des contextes formels, alors que les hommes parlent pour maintenir ou augmenter leur statut social.

Dans une conversation, celui qui parle le plus et qui est surtout en capacité de choisir les sujets de conversation, est celui qui a le statut social le plus élevé. Parler et mener la conversation permet également de donner sa vision du monde et d’influencer autrui. Or les femmes sont incitées à peu parler ; elles sont donc peu influentes dans les discussions et les prises de décision.

Nous avons vu que plusieurs stratégies existent pour les priver de parole. Il y a d’abord les violations des règles de la conversation : interruption, silences, réponses retardées ou encore de multiples autres stratégies qui signalent du désintérêt par rapport à ce que les femmes disent : ridiculiser ou minimiser leur sujet de conversation, sortir de la pièce où a lieu la discussion, changer de sujets de conversation, regarder ailleurs etc.

Femme au téléphone

Le mythe de la femme bavarde, déversant un flot de paroles (sans doute ineptes)

Le mythe de la femme bavarde est une autre stratégie qui permet de réduire les femmes au silence. Alors que de plus en plus d’études tendent à montrer que les femmes parlent moins que les hommes, ce mythe persiste. L’image populaire de la femme qui parle, parle sans jamais s’arrêter est encore d’actualité. On est donc face à un double standard : toute parole féminine est considérée de trop. Ainsi dans une expérience où l’on présente un dialogue entre une femme et un homme, et où les deux interlocuteurs parlent pendant la même durée, les participants ont quand même estimé que la femme est plus bavarde que l’homme27… Pour reprendre donc ce que dit Corinne Monnet, « Ce n’est pas en comparaison du temps de parole des hommes que les femmes sont jugées bavardes mais en comparaison des femmes silencieuses. La norme ici n’est pas le masculin mais le silence, puisque nous devrions toutes être des femmes silencieuses. »

Enfin, les femmes ont la réputation de non seulement trop parler, mais aussi de parler pour ne rien dire, ou pour raconter des choses futiles et inintéressantes. Les sujets de conversation traditionnellement féminins : relations, apparence, mode, enfants, entretien de la maison etc. sont considérés comme plus futiles et moins sérieux que les sujets masculins, que ce soit la politique mais aussi les voitures, les jeux en ligne, le sport, etc28.

 


Références

1. Sacks H, Schegloff EA, Jefferson G. A Simplest Systematics for the Organization of Turn-Taking for Conversation. Language. 1974;50(4):696-735.

2. Zimmerman DH, West C. Sex roles, interruptions and silences in conversation. In: Language and sex: difference and dominance.; 1975.

3. Leaper C, Ayres MM. A Meta-Analytic Review of Gender Variations in Adults’ Language Use: Talkativeness, Affiliative Speech, and Assertive Speech. Pers Soc Psychol Rev. 2007;11(4):328-363.

4. James D, Drakich J. Understanding gender differences in amount of talk: A critical review of research. Pearson Education; 2004.

5. Holmes J. Women’s Talk in Public Contexts. Discourse Society. 1992;3(2):131-150.

6. DeFrancisco VL. The Sounds of Silence: How Men Silence Women in Marital Relations. Discourse Society. 1991;2(4):413-423.

7. Anderson KJ, Leaper C. Meta-Analyses of Gender Effects on Conversational Interruption: Who, What, When, Where, and How. Sex Roles. 1998;39(3):225-252.

8. Ng SH, Brooke M, Dunne M. Interruption and Influence in Discussion Groups. Journal of Language and Social Psychology. 1995;14(4):369-381.

9. James D, Clarke S. Interruptions‚ gender ‚ and power: A critical review of the literature. In: Gender and conversational interaction. Oxford University Press. 1992.

10. Mast MS. Dominance as Expressed and Inferred Through Speaking Time. Human Communication Research. 2002;28(3):420–450.

11. Hannah A, Murachver T. Gender and Conversational Style as Predictors of Conversational Behavior. Journal of Language and Social Psychology. 1999;18(2):153-174.

12. Tannen D. Gender differences in topical coherence: Creating involvement in best friends’ talk. Discourse Processes. 1990;13(1):73-90.

13. Wood JT. Gendered Lives. Cengage Learning; 2012.

14. Leaper C, Smith TE. A Meta-Analytic Review of Gender Variations in Children’s Language Use: Talkativeness, Affiliative Speech, and Assertive Speech. Developmental Psychology. 2004;40(6):993-1027.

15. Bornstein MH éd. Handbook of Parenting: Volume I: Children and Parenting. 2e éd. Psychology Press; 2002.

16. Zimmerman DH, West C. Genre, langage et conversation. reso. 2000;18(103):183-213.

17. Fishman PM. Interaction: The Work Women Do. Social Problems. 1978;25(4):397-406.

18. Leaper C, Anderson KJ, Sanders P. Moderators of gender effects on parents’ talk to their children: A meta-analysis. Developmental Psychology. 1998;34(1):3-27.

19. Adams S, Kuebli J, Boyle PA, Fivush R. Gender differences in parent-child conversations about past emotions: A longitudinal investigation. Sex Roles. 1995;33(5):309-323.

20. Flannagan D, Perese S. Emotional References in Mother-Daughter and Mother-Son Dyads’ Conversations About School. Sex Roles. 1998;39(5):353-367.

21. Kuebli J, Fivush R. Gender differences in parent-child conversations about past emotions. Sex Roles. 1992;27(11):683-698.

22. Fivush R, Brotman MA, Buckner JP, Goodman SH. Gender Differences in Parent–Child Emotion Narratives. Sex Roles. 2000;42(3):233-253.

23. Duru-Bellat M. L’école des filles: Quelle formation pour quels rôles sociaux? Editions L’Harmattan; 2004.

24. Leder GC. Teacher student interaction: A case study. Educational Studies in Mathematics. 1987;18(3):255-271.

25. Duffy J, Warren K, Walsh M. Classroom Interactions: Gender of Teacher, Gender of Student, and Classroom Subject. Sex Roles: A Journal of Research. 2001;45(9):579-93.

26. Secada WG, Fennema E, Byrd L. New Directions for Equity in Mathematics Education. Cambridge University Press; 1995.

27. Cutler A, Scott DR. Speaker sex and perceived apportionment of talk. Applied Psycholinguistics. 1990;11(03):253-272.

28. Bourdieu P. La domination masculine. Paris: Éditions du Seuil; 1998.

69 réflexions sur “Les attributs du pouvoir et leur confiscation aux femmes. Le genre et la parole.

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  3. Personnellement, je trouve cet article partial.
    Certes, le but est de mettre en exergue la domination masculine dans les discussions stratégiques (l’auteur dit bien que les femmes parlent moins que les hommes dans les contextes formels et publics, mais que ceci s’inverse dans un contexte intime et amical).
    Mais en même temps, le fil de l’article c’est « Les femmes s’efforcent de discuter pour créer du lien, tandis que les hommes discutent dans un but de promotion sociale. »
    Peut-être que le scientifique devrait rechercher vraiment ce désintérêt masculin pour l’aspect social ?
    Par exemple, moi-même, un homme, je discute peu car finalement les discussions que ma femme me propose me semblent de peu d’intérêt ! Je vois que notamment, ma femme veut toujours savoir ce que j’ai fais de ma journée. Pourquoi ?
    À la lumière de cet article, j’entrevois une chose que je n’avais pas compris jusqu’à présent ! Les femmes veulent se connaître (connaître leur interlocuteur). Ce n’est pas évident !
    Il y a encore du travail à faire…

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  6. Excellent article, en particulier sur le standard auquel on compare les femmes « bavardes ».

    22décembre : Ton commentaire en dit plus sur l’état de la communication dans ton couple que sur les femmes en général. Elle s’intéresse à toi, et voudrait que tu t’intéresses à elle, ça me parait assez normal. Si tu vois ça comme une corvée, pourquoi diable êtes-vous encore en couple ? (P.S.: sait-elle que tu la vois comme un boulet ?)

    • Je ne la vois nullement comme un boulet !
      J’ai une autre vision de mon couple que vous ! Et l’article va m’aider, je ne le nie pas !
      Ce que j’ai remarqué, c’est que ma femme me pose des questions sur ma journée, mais quand j’en parle (quand je fais l’effort d’en parler) ça la saoule vite.
      Par contre, dès lors que je parle de choses qui me passionnent davantage, elle bote en touche (parlons deux minutes politique, livres ou informatique…).

      Ça vous intéresse vous de parler avec votre femme de choses que vous ne comprenez pas, ni de personnes que vous n’aurez jamais l’occasion de rencontrer, ou d’endroits où vous n’irez jamais ?

      Il est des choses bien plus importantes que discuter !

  7. Le gros défaut de ce mode d’analyse, c’est l’exclusion de toute forme de dialectique. Où l’on aurait des relations humaines édulcorées et strictement égalitaires, sans que la construction d’une argumentation, la puissance du raisonnement, le charisme, la personnalité, la force de conviction n’entrent en ligne de compte. Ce qui est intolérable, et vous mettez bien l’accent dessus par ailleurs, c’est l’interruption de parole, qui il est tout-à-fait vrai, est plus souvent le fait d’hommes que de femmes. Cela est vrai pour la sphère publique, lors de réunions, de diners entre amis, bref, en société, où la parole d’une femme est déconsidérée, inconsciemment ou non. Mais c’est là que votre mode d’analyse ne tient pas la route ; le problème réside dans votre abandon de toute dialectique : car une femme tenant un discours argumenté, n’ayant pas oublié que la prise de parole est une lutte, une affirmation, que la discussion est avant tout un affrontement, aura autant de poids que celle d’une homme.

    Quant au postulat des femmes qui sont davantage préoccupées par le lien social, les discussions relevant de la sphère privée, au contraire des hommes, elle ne fait que correspondre aux rôles sociaux dévolus aux genres, et dépassent de très loin le simple champ de la conversation. Mais là encore, il n’existe que la lutte pour renverser cela 😉

    • Benjamin, vous semblez penser que l’article préconise des attitudes ou dénonce certains rapports au discours. Vous parlez «d’abandon de toute dialectique», hors rien dans l’article ne dit que les femmes ne devraient pas avoir un usage de la parole qui se rapproche de celui des hommes (argumentation et affirmation de soi, recherche de pouvoir) ou que les hommes devraient eux-mêmes abandonner ce mode de discours. Sur ces points l’article est neutre et ne préconise rien.

      «Quant au postulat des femmes qui sont davantage préoccupées par le lien social, les discussions relevant de la sphère privée, au contraire des hommes, elle ne fait que correspondre aux rôles sociaux dévolus aux genres,»
      Oui, et l’article ne dit rien d’autre: d’une part il pose le constat d’une parole féminine qui tend (en moyenne et pas dans chaque cas, bien sûr) vers le maintien du lien social; d’autre part il donne comme explication la socialisation des hommes et des femmes (et plus particulièrement des garçons et des filles pendant l’enfance). On peut y voir, en creux, une manière de contester le discours qui se contente de dire que «les femmes sont comme ci» (parce qu’elles viendraient de Vénus, bien entendu) et «les hommes sont comme ça», sans chercher des causes sociales ou en présupposant une nature comportementale féminine et une autre masculine.

      • En fait on est d’accord sur toute la ligne 🙂
        Je voulais mettre l’accent sur la nécessité absolue de na pas s’inscrire dans un cadre d’absolu égalitaire à atteindre, et simplement rappeler que ce que vous appelez recherche de pouvoir je le nomme charisme et lutte des idées…

  8. Merci pour l’article.

    Qui nous rappelle encore une fois que le sexisme (au sens large) est un fait culturel profond…
    Qui fait froid dans le dos quand, en tant qu’homme, on se voit révéler certains de nos comportements. Le regard désaxé, les réponses retardées, les silences, sortir de la pièce, autant de stratégies inconscientes que j’utilise beaucoup. Mais c’est vrai que donner le change serait aussi un poids, un moment désagréable…
    Qu’il y a encore du boulot…

  9. Dommage qu’on reste encore sur un angle de vue strictement binaire et hétéronormé: on ne parle que des dominations entre « hommes » et « femmes » , pas des autres. Ni des dominations et des violences que des « femmes » peuvent faire sur d’autres personnes qui ne sont pas comptées socialement comme « homme » ni « femme », qui ne sont jamais pris en compte dans les sondages sur les rapports de genre: les trans, les lesbiennes, les gouines, les gay, les personnes queer, etc. Justement dans la parole, on observe souvent une assurance et une domination dans les échanges que certaines « femmes » normées font peser en absence d' »hommes » normés, sur ces personnes, sur lesquelles il leur est possible une forme de supériorité et domination… Il est important de soulever TOUTES les formes de domination (y compris raciale, de santé,etc) et pas seulement celle du machisme envers les « femmes », car, même s’il est très intéressant de la soulever, ce n’en n’est qu’une parmi une multitude!

    • Malheureusement, je n’ai pas vu d’études qui traitaient des cas trans ou queer, ou même qui s’intéressait plus au genre social des personne qu’à leur sexe biologique. Si tu lis mon article sur l’occupation de l’espace, tu verras qu’un moment je parle plutôt de l’influence du genre social plutôt que de celle du sexe biologique.

      Il est important de soulever TOUTES les formes de domination (y compris raciale, de santé,etc)

      Oui, c’est vrai, mais écrire sur la domination masculine me demande déjà beaucoup de boulot. Sur ce blog, je me concentre sur ce type de domination, ça ne veut pas dire que j’oublie les autres…

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  12. Cet article est extrêmement scientifique (j’ai eu un peu du mal à le lire jusqu’au bout) mais il a ouvert des petites fenêtres dans ma tête. Je croyais ne rien apprendre de neuf mais je me suis trompée.
    Bravo et merci.
    Hier, j’étais en train de demander à une petite fille si elle était triste et dring ! j’ai repensé à ton article, alors j’ai vite enchaîné en lui demandant s’il était en colère. Ouah ! La réaction a été immédiate. Elle s’est mise à sourire, super contente que je la comprenne ! Alors on a joué à boxer le canapé, à grogner et à griffer dans l’air pour extérioriser « notre » colère.
    Oui, c’est tellement vrai cette histoire de « tristesse » pour les filles et de « colère » pour les garçons ! Par la suite, nous étions sur un terrain de jeux et j’ai entendu une mère demander à sa fille si elle était triste. J’avais envie de lui dire « non ! demandez-lui si elle est en colère ! ».

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  14. Bonjour,
    je voulais vous envoyer un mail pour vous signaler deux trois
    coquilles, je n’ai pas trouvé de moyen de vous contacter via
    ce site, donc je passe par les commentaires, vous pouvez supprimer ce message après lecture (ce n’est pas un commentaire très….commentant!)
    si vous le souhaitez. Cordialement, antoine

    §2
    son -> sont ?
    Monet.-> Monnet ?

    A la fin de votre article (qui m’a beaucoup plu au demeurant), vous citez Corinne Monnier, est ce qu’il s’agit de Corinne Monnet ?

    • Oulà je ne pense pas !! Je vais vérifier s’il n’est pas passé à la trappe involontairement (dans tous les cas, c’est pas fait exprès, promis ! 😉 )

      EDIT : je confirme ! Il a été considéré automatiquement comme « indésirable » par WordPress !
      Voilà ! Je les dé-censuré !

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  20. J’ai vu ça cette année (en licence de psychologie), alors je suis contente que tu ais pris le temps d’en faire un article pour que ces infos soient accessibles au plus grand nombre.
    Les interruptions répétées, les regards qui se détournent durablement pendant une conversation, etc. sont insupportables quand on y prête un peu attention. J’ai (j’avais?) des exemples de gars dans mon entourage qui fonctionnent comme ça, et en particulier avec les femmes (j’ai pris assez longtemps pour mettre le doigt dessus d’ailleurs).
    J’ai pu constater que ces mêmes gars se comportaient différemment avec ma copine « masculine ». Du coup je me demande si c’est du pur hasard, une impression sans fondement, ou si cette tendance à traiter plus équitablement (en tout cas au niveau conversationnel) des femmes qui s’éloignent des normes de féminité pourrait être prouvée à plus grande échelle.
    Ca me fait penser à cette étude qui expliquait que les hommes jugent « plus masculines » les femmes qui ont des postes importants…

  21. Faudrait pas aller dans le « stupide! » avez-vous fait attention au sourire moqueur, ou plus que moqueur! fait attention au regard! au chuchottement vis à vis de ces » femmes dites masculines!?? maintenant que je vous ai posé la question Vous ferez peut-etre attention. Et là, vouscomprendrez que vous etes dans l’erreur lorsque vous dites qu’elles sont moins victimes de discrimination
    HELAS elles sont plus victimes !car vue comme lesbienne !! alors revoyez vos propos Merci et amitié

    • Je sais très bien que les femmes masculines, ainsi que les hommes féminins, sont victimes de moqueries, sont mal vu-e-s et sont discriminé-e-s.
      Ceci dit dans certains cas, je pense qu’il peut-être bien vu d’être une « femme masculine », notamment au travail.

  22. Merci, pour votre réponse ; rapide !! Mais, je parlais, aussi du lieu de travail ! car je l’ai vu! c’est au trvail  » entre autre  » que les gens sont le plus mauvais, hargneux, mescins. à vouloir casser l’autre.
    Et vous rajoutez les vies privées. et le bilan est fait : souffrance, repli, et peut-etre haine.
    Haine des femmes, des femmes dites fémininnes; dites poupées; idiotes. mais désirées. Mais je vous l’accorde passé les moments de  » mises  » à l »epreuve et de méfiance, certaines jeunes femmes sont ENFIN apprécier pour leur travail.
    ENCORE merci de vous intérrésser a vos « identiques ».

  23. Bonjour

    Merci pour vos articles – j’ai découvert ce blog récemment.
    C’est vraiment super !

    Je pense que si les enfants apprenaient dès que possible que la parole peut être un outil de communication très efficace, les petites filles ne seraient sans doute moins stigmatisées.

    Pardon de vous parler de mon cas mais je fais avec ce que j’ai sous la main : je fais 1m50, je suis d’origine asiatique, j’aime faire des « trucs de filles » (comprenez : j’aime bien mettre des jupes et faire la cuisine) mais j’aime encore plus « ouvrir ma gueule » …
    Si je n’avais eu la chance de m’intéresser aux subtilités de la langue française je serai encore une espèce de poupée décorative- bonjour cliché ! – rôle auquel de nombreuses personnes essaient de me renvoyer sans arrêt.
    Mais c’était sans compter sur ma langue bien pendue et mon caractère très direct (je m’en vais de ce pas commenter l’article sur la colère 😉

    Excusez-moi mais enfin : Merde ! Quel plaisir de pouvoir jouer avec les mots et s’en servir pour arriver à ses fins ! Ce n’est pas une arme, c’est un outil : on a accès à toutes une gamme d’émotions – on peut faire rire comme on peut faire pleurer, rien qu’avec une petite remarque.

    C’est aussi du pouvoir et c’est à portée de main.

    Alors, Vive l’éducation pour tous !!!
    Lisez, Enfants de la République, lisez et allez faire des joutes verbales !

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  29. En quoi le fait de faire des efforts pour maintenir le sujet de l’autre, le « travail conversationnel », est-il une bonne chose? Si les femmes ne sont pas intéressées par le sujet de conversation d’un homme, il est légitime qu’elles l’expriment. L’égalité viendra bien plus volontiers de l’affirmation de la femme qui couperait court à la conversation, que de la résignation de l’homme qui se mettrait à entretenir une conversation qui ne l’intéresse pas.

    Ensuite, bien que cet article dénonce le mythe selon lequel les femmes parlent beaucoup (pour ne rien dire), il l’entretient en même temps: « les pères ont plus tendance à utiliser un langage informatif » indique bien que les hommes sont plus intéressés et accordent plus de valeur aux faits, au concret plutôt qu’à l’abstrait des sentiments et du lien social. Pourtant, les femmes décrites dans l’article, qui souhaitent parler de sentiments à des hommes manifestement peu réceptifs (utilisation massive de signes de manque d’intérêt), utilisent des stratégies pour piéger et faire culpabiliser les hommes qui ne les écoutent pas. Il est par conséquent inévitable que la parole de ces femmes sera subie par ces hommes comme une contrainte, et cette parole sera la plus remarquée (« les femmes sont bavardes »), d’autant plus qu’ils auront du mal à y trouver un contenu concret et informatif pertinent (« elles parlent pour ne rien dire »). Ainsi on peut tirer une autre conclusion que Corinne Monnet: « ce n’est pas en comparaison du temps de parole des hommes que les femmes sont jugées bavardes », puisque dans les faits les hommes parlent plus que les femmes, mais en comparaison de la qualité/quantité d’information exprimée dans le même temps de parole, d’où la vidéo de fin d’article qui exacerbe la façon dont peut être vécue la conversation pour un homme. Si l’inverse était également vrai dans les situations étudiées (que les hommes imposent aux femmes des propos inintéressants), alors les femmes auraient elles l’impression que ce sont les hommes qui sont bavards, et les deux points de vue seraient aussi répandus. Il ne serait pas étonnant que les femmes se désintéressent du propos masculin si celui-ci était creux.

    • En quoi le fait de faire des efforts pour maintenir le sujet de l’autre, le « travail conversationnel », est-il une bonne chose?

      Question de politesse et de savoir-vivre.

      Ensuite, bien que cet article dénonce le mythe selon lequel les femmes parlent beaucoup (pour ne rien dire), il l’entretient en même temps: « les pères ont plus tendance à utiliser un langage informatif » indique bien que les hommes sont plus intéressés et accordent plus de valeur aux faits, au concret plutôt qu’à l’abstrait des sentiments et du lien social.

      Parler ne sert pas seulement à transmettre des informations, c’est aussi un moyen d’établir un lien social. Scoop : on parle souvent pour se rapprocher d’autrui, pas pour obtenir ou transmettre des informations. La parole non informative est donc également très très importante.

      dans les faits les hommes parlent plus que les femmes, mais en comparaison de la qualité/quantité d’information exprimée dans le même temps de parole, d’où la vidéo de fin d’article qui exacerbe la façon dont peut être vécue la conversation pour un homme. Si l’inverse était également vrai dans les situations étudiées (que les hommes imposent aux femmes des propos inintéressants), alors les femmes auraient elles l’impression que ce sont les hommes qui sont bavards, et les deux points de vue seraient aussi répandus. Il ne serait pas étonnant que les femmes se désintéressent du propos masculin si celui-ci était creux.

      Que de mépris envers les femmes, et les paroles qui ne sont pas strictement informatives. Quel mépris pour le travail qu’elles font pour tenter désespéramment d’établir des liens sociaux avec des hommes. Vous être prévenu : un prochain commentaire de cet acabit ne sera pas publié.

  30. Bonjour, je découvre votre blog et je me retrouve donc à lire des articles anciens, forcément perfectibles ! Je me permets seulement de vous signaler, sur la parole – mais utile pour un tas d’autres analyses – le travail remarquable de la linguiste Marina Yaguello « Les mots et les femmes » ; il y a tout un chapitre sur les problématiques explorées dans votre article. M.Yaguello est une linguiste qui écrit de manière simple et pédagogique, est donc accessible à un public plus large, mais son travail reste universitaire et ne perd jamais en rigueur scientifique. Bref, si vous ne connaissez pas encore ce livre, je le conseille de toute urgence 🙂 En tout cas merci pour votre travail ici sur votre blog ! (je commence à collectionner pas mal de blogs féministes favoris, moi qui ai la flemme de récrire des topics entiers pour expliquer certaines questions à mon entourage ^^ )

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  32. Bonjour,
    « Les petites filles apprennent à éviter de critiquer ou de rabaisser les autres »

    Je suis étonné de cette phrase, ayant connu au collège et lycée de nombreuses filles se moquer de mon physique, à parler entre elles mais assez fort pour que je l’entende ,etc….
    Il y a aussi les ragots et les médisances qu’on perçoit indirectement.
    J’aurais bien aimé qu’elles apprennent à éviter de rabaisser les autres.

    J’ai aussi subi des critiques/moqueries de la part de garçons mais plus par des filles (peut-être que les filles sont elles plus moquées par les garçons??).
    Les garçons se moquant de mon niveau en sport et les filles de ma timidité, mes vêtements,etc..
    Evidement, je ne nie pas que les hommes critiquent et rabaissent, je ne veux pas faire un commentaire sexiste mais le font-ils plus que les femmes?

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  44. Merci pour cet article, je voulais faire un cours de philo aux élèves sur la notion de langage et de liberté, vos références me permettrons d’illustrer objectivement le problème.
    Continuez ! je ne connais pas d’articles équivalent en français, résumant et présentant rapidement la littérature.

  45. Pingback: « Tu t’en fous de ce que je raconte ?  – les pratiques des hommes et des femmes dans la conversation | «Dans Mon Tiroir

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  51. Pingback: Faites de la place à la parole des femmes – Servir Ensemble

  52. Excellent article, en particulier sur le standard auquel on compare les femmes.
    Toujours d’actualité plus de 8 ans après la rédaction de cet article….

  53. Pingback: [Les reines du silence – Partie #2] Bavardes, vraiment ? – Genre, et ?

  54. Pingback: Les hommes détiennent-ils le monopole de la parole ? - Celles qui osent

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