Partie 3 : les violences sexuelles, des actes d’objectivation extrêmes et dissociant
Avertissement : cet article parle de violences sexuelles, mais aussi de troubles dissociatifs et de syndrome de stress post-traumatique, et peut donc être difficile pour certaines personnes.
Partie 1 : définition et concept-clés
Partie 2 : le regard masculin ou male gaze

« Arrête de faire semblant d’être un être humain »
Parole d’un violeur à sa victime, tiré du projet Unbreakable
Sommaire
- Introduction
- Auto-objectivation et trouble de l’image corporelle
- Le corps comme ennemi : la réponse sexuelle pendant une agression
- Les troubles dissociatifs
- Dissociation et traumatisme
- Conséquences de la dissociation
- Le cas de la prostitution
- Conclusion finale : retour sur la théorie de l’objectivation sexuelle
1. Introduction
Dans l’énoncé initial de la théorie de l’objectivation3, Fredrickson et Roberts reprenaient la définition de Sandra Bartky4 :
L’objectivation sexuelle survient à chaque fois que le corps d’une femme, les parties de son corps, ou ses fonctions sexuelles, sont séparées de sa personne, réduit à l’état de simples instruments, ou considérés comme s’ils pouvaient la représenter. En d’autres termes, quand les femmes sont objectivées, elles sont traitées comme des corps – et en particulier, comme des corps qui existent pour l’utilisation et le plaisir des autres
Dans leur article fondateur, Fredrickson et Roberts mentionnent surtout le male gaze – le regard masculin objectivant – et le harcèlement sexuel, traités en partie 2. Mais l’objectivation sexuelle peut se manifester de manière encore plus violente et brutale, via des agressions sexuelles ou des viols. Lors d’un viol ou d’une agression sexuelle, la victime est traitée comme d’un objet dont l’agresseur se sert pour sa propre gratification sexuelle, sans jamais tenir compte des désirs et des besoins de sa victime. L’agresseur se rend donc propriétaire du corps de sa victime. C’est cette forme d’objectivation extrême dont nous aller traiter dans cet article.