
Dans le film (dont je vous conseille la version de 1975) et le livre The Stepford Wives, l’héroïne débarque dans une ville où toutes les femmes sont des épouses modèles : elles adorent s’adonner aux tâches ménagères et elles hurlent de plaisir lors des coïts avec leur mari (leur disant qu’ils sont des dieux au lit). Tout cela, avec le sourire, bien sûr ! Dans le livre, elles sont aussi décrites comme portant des robes très moulantes et révélatrices, dévoilant leur forte poitrine et leur silhouette exceptionnelle.
Merci à Pimprenelle pour la relecture de cet article.
Partie 1 : Introduction
Partie 2 : Un beau corps féminin est un corps qui n’occupe pas trop d’espace
Partie 3 : Un beau corps féminin se déplace avec difficulté
Partie 4 : Un beau corps féminin est un corps à l’air jeune voire enfantin et qui est sexualisé
Partie 5 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – le sourire
Partie 6 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la répression des désirs
Partie 7 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la souffrance physique
Partie 8 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la souffrance morale
Partie 9 : Sorcières et féministes, quelques figures de la laideur féminine
Partie 10 : Universalité des idéaux de faiblesse 1
Partie 11 : Universalité des idéaux de faiblesse 2
Partie 12 : Conclusion
Supplément : la coercition à la beauté
Supplément : L’impuissance comme idéal de beauté en vidéo
Nous avons vu dans l’article précédent comment l’abnégation des femmes peut se traduire par le sourire, notamment quand ce sourire permet de camoufler des émotions négatives. Cet article revient sur l’abnégation, en montrant cette fois-ci comment la beauté s’oppose aux plaisirs et désirs des femmes.
L’interdiction des plaisirs et désirs

Dans Causeur, des hommes ont clamé leur droit à « leur pute ».
La nourriture et la sexualité ont beaucoup en commun. Toutes deux sont sources d’un intense plaisir. Mais l’accès à ce plaisir ne se fait pas de manière symétrique chez les hommes et chez les femmes. Les hommes ont tout à fait droit à leur plaisir, et certains n’hésitent pas à l’exiger fermement. Les femmes, quant à elles, doivent générer ce plaisir chez les hommes, particulièrement chez leur conjoint, en préparant les repas et en étant sexuellement disponibles. C’est ainsi qu’un certain nombre d’hommes exigent un « droit au sexe » qui passe en particulier par la prostitution, la pornographie ou d’autres violences sexuelles. Le fait que le viol soit banalisé et justifié (à l’aide de mythes sur le viol) dans notre société indique bien qu’il semble « normal » qu’un homme puisse s’approprier le corps d’une femme pour son bon plaisir. Peu importe que ces violences aient des impacts terribles sur les victimes, rien ne paraît plus sacré que ce droit à l’accès au corps des femmes par les hommes, quand ils le souhaitent et comme ils le souhaitent. L’accomplissement de ces désirs sexuels semble si vital, si nécessaire, si important, que ces derniers sont requalifiés en « besoins sexuels ». Quant à la préparation de la nourriture, elle correspond au rôle maternel et nourricier traditionnellement féminin1,2. À l’heure actuelle, ce sont les femmes qui se chargent encore très majoritairement de la cuisine. Ainsi, en 2010, les femmes françaises y passaient en moyenne 70 minutes par jour, contre 24 minutes pour les hommes français3.