Je vous propose aujourd’hui un extrait de mon livre « En finir avec la culture du viol » : comment les violences sexuelles permettent-elles de maintenir les femmes à leur place de subordonnées ?
J’en profite également pour vous annoncer que je serai à la librairie « Les Mots Passants » à Aubervilliers le jeudi 3 mai à 18h. Adresse : 2 Rue du Moutier, 93300 Aubervilliers
Extrait de la partie III (Le viol, une histoire de pouvoir et de domination)
Un contrôle disciplinaire (p.95)
Les violences sexuelles sont l’expression de hiérarchies existantes [notamment entre hommes et femmes], mais elles constituent également un outil pour les maintenir. Elles permettent, de différentes façons, de réaffirmer la position de chacun.

Femme Cheyenne photographiée en 1930 par Edward S. Curtis
Les anthropologues ont décrit comment le viol – notamment le viol collectif – est utilisé dans diverses sociétés par les hommes pour punir les femmes qui ne respectent pas leurs règles. Chez les Munduruku et les Caraja du Brésil, les femmes n’ont pas le droit de voir certains objets sacrés: la sentence est le viol collectif. Chez d’autres (Bororo du Brésil, Cheyennes et Omaha d’Amérique du Nord…), c’est l’infidélité féminine qui est sanctionnée ainsi. Selon les cultures, d’autres comportements « incorrects » peuvent être punis par le viol : refus des avances d’un époux, rapports sexuels illégitimes, etc. Plus récemment, la presse s’est fait l’écho de viols dits « correctifs » commis en Afrique du Sud sur des lesbiennes pour les remettre « dans le droit chemin1 ».