La menace du stéréotype

Mise en évidence et définition

La menace du stéréotype

La menace du stéréotype a été mise en évidence sur les Afro-américains

La menace du stéréotype a été mise en évidence en 1995 par deux chercheurs de l’université de Stanford, Claude Steele et Joshua Aronson (1). Pour cela, ils ont constitués deux groupes d’étudiants, chacun comprenant 50% de noirs et 50% de blancs.  A ces deux groupes, ils ont fait passer un test sur les compétences verbales, exactement identique mais présenté de façon différente. Au premier groupe, ils ont dit qu’il s’agissait d’un test mesurant l’intelligence ; au second groupe, ils ont affirmé que c’était un test pour comprendre le fonctionnement du cerveau, qui ne mesurait absolument pas l’intelligence. Dans le premier groupe, les blancs ont obtenu de meilleurs résultats, mais il n’y avait pas de différences entre blancs et noirs dans le second groupe. Or, selon le stéréotype, les noirs sont moins intelligents que les blancs. Ce stéréotype a été « activé » par le fait d’évoquer une mesure d’intelligence.

Ces résultats montrent donc que quand un groupe fait l’objet d’un stéréotype négatif dans un domaine, les performances de ses membres, dans le domaine en question (intelligence pour les noirs, mathématiques pour les femmes, par exemple), sont altérées, en particulier quand le stéréotype est « activé ». Ce phénomène a été nommé « menace du stéréotype ». Une anxiété perturbatrice, qu’éprouveraient les membres d’un groupe cible face à un stéréotype qu’ils auraient peur de confirmer, est l’hypothèse la plus souvent avancée (2).

Par ce phénomène, un groupe ayant une mauvaise réputation va adopter un comportement, qui validera le stéréotype aux yeux des autres. Ce mécanisme pervers permet un maintien des inégalités, notamment entre sexes.

Bien que ce phénomène ait été mis en évidence sur des personnes noires, il a été montré qu’il touche  tous les groupes subissant des stéréotypes négatifs, et notamment les femmes.

Cas des stéréotypes sexistes

De nombreuses études ont montré que les femmes perdaient leurs moyens face à certains stéréotypes, tandis qu’elles réussissent aussi bien que les hommes en l’absence de menace du stéréotype. Voici un tableau récapitulatif (d’après la thèse de Sylvain Max (3)) :

Stéréotype Référence Population Mode d’activation du stéréotype (vs condition contrôlée) Mesures
“Les femmes sont moins douées que les hommes en mathématiques” Ambady et al., 2004 (4) 44 étudiantes Présentation subliminale de 20 mots du registre du féminin (vs. 20 mots neutres) 12 questions du Canadian Math Competition
Davies et al. 2002 (5) 34 femmes et 33 hommes compétents en mathématiques Visionnage de publicités stéréotypiques (vs. contre-stéréotypiques) Évitement d’une  tâche de mathématiques et intérêt pour 12 domaines académiques et carrières
Inzlicht & Ben-Zeev, 2000 (6) ; 2003 (7) 72 et 54 étudiantes Réalisation de l’expérience en présence de 2 hommes (vs. 2 femmes); l’expérimentateur précisait que sa performance serait communiquée au groupe 20 items de mathématiques du Graduate Recor dExaminations (GRE)
Ambady et al., 2001 (8) 81 filles américaines d’origine asiatique de la maternelle à 13/14ans Coloriage d’un dessin représentant une fille avec une poupée (stéréotype négatif) ou deux enfants asiatiques qui mangent du riz avec des baguettes (stéréotype positif ; vs. un paysage) Test de mathématiques (Iowa Test of Basic Skills)
Huguet & Régner, 2009 (9) 92 filles et 107 garçons âgés de 10 à 13 ans Présentation du test comme une mesure d’aptitudes en géométrie (vs. en dessin) Test de reproduction de la figure complexe
McGlone &Aronson, 2006 (10) 45 étudiantes et 45 étudiants Avant le test, remplissage d’un questionnaire où certains items font référence au sexe de l’individu (vs. son statut d’étudiant du privé vs. son identité Nord-Etasunienne) Test de rotation mentale de Vandenberg & Kuse
“Les femmes ont de moins bonnes aptitutes spotives que les hommes “ Chalabaev et al., 2008 (11) 51 femmes pratiquant le football en compétition Présentation de la tâche comme étant une mesure diagnostique des aptitudes athlétiques (stéréotype négatif) ou des aptitudes techniques (stéréotype positif) au football (vs. mesure de facteurs psychologiques), renseignement du genre avant la réalisation du test Tâche de dribbles au football
Stone & McWhinnie, 2008 (12) 110 étudiantes se considérant sportives Expérimentateurs hommes (vs. femmes) et présentation de la tâche comme étant une mesure des performances athlétiques naturelles et qu’il y avait des différences de performance entre sexes (vs. des différences de performance entre blancs et noirs ; vs. mesure facteurs psychologiques) Nombre de coups en golf
« Les femmes sont moins douées que les hommes en informatiques » Koch et al., 2008 (13) 50 lycéennes et 47 lycéens Les participants étaient informés que, généralement, les hommes réussissaient mieux le test d’informatique que les femmes (vs. l’inverse vs. condition contrôle) Type d’attribution de l’échec
 « Les femmes conduisent moins bien que les hommes » Yeung & von Hippel, 2008 (14) 88 étudiantes ayant le permis de conduire depuis en moyenne 3,6 ans L’étude était présentée comme ayant pour objectif de déterminer les raisons pour lesquelles les hommes sont de meilleurs conducteurs que les femmes (vs. déterminer les processus mentaux impliqués dans la conduite) Réactions à des événements inattendus dans un simulateur de conduite
 « Les femmes sont moins aptes à la négociation que les hommes » Kray et al., 2001 (15) 36 étudiants en MBA Présentation de la tâche comme diagnostique (vs. non-diagnostique) des aptitudes individuelles à la négociation Prix de vente et d’achat d’un produit à l’issue d’une simulation de négociation
 « Les femmes ont de moins bonnes connaissances en politique que les hommes » McGlone et al., 2006 (16) 71 étudiantes et 70 étudiants Activation (vs. ou non) du genre avant de réaliser le test (question démographique) ; ajout de la mention : « l’enquête à laquelle vous participez aujourd’hui a (vs. n’a pas) mis en évidence de(s) différences de genre dans des recherches précédentes » Indice de 10 questions de connaissance politique
 « Les femmes ne sont pas des leaders » Gupta et al., 2009 (17) 469 étudiant en commerce L’entreprenariat était présenté avec des termes à connotation masculine (vs. féminine) Score mesurant l’intention de devenir entrepreuneur
Davie et al., 2005 (18) 30 hommes et 31 femmes Visionnage de publicités stéréotypiques (vs. contre-stéréotypiques) Intérêt pour le rôle de leader

Comment en finir avec ce cycle vicieux ?

Il existerait des moyens de réduire la menace du stéréotype :
–  L’individuation (4; 18; 19), c’est-à-dire permettre à l’individu de pouvoir se distinguer des autres membres de son groupe, en  mettant l’accent sur son identité individuelle plutôt que sur son identité collective
–   Mettre l’accent sur l’identité acquise (par exemple le fait d’exercer telle ou telle profession, d’aimer tel loisir…) par rapport à l’identité assignée (le fait d’être né homme ou femme, blanc ou noir…) (10)
–  Encourager la vision selon laquelle l’intelligence est quelque chose de malléable et de construit, et n’est donc pas innée (20; 21).
–  Montrer des modèles positives à qui les membres du groupe cible peuvent s’identifier, par exemple une femme mathématicienne (22)
–          Informer de l’existence du phénomène de menace du stéréotype (23). Au moins, cet article n’est pas complètement inutile ! 😉

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Pour aller plus loin

Reducingstereotypethreat est un site en anglais créé par deux chercheurs en psychologie sociale, Steven Stroessner et Catherine Good, et qui explique ce qu’est la menace du stéréotype et comment la réduire.

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References

1. Steele, C. M. et Aronson, J. Stereotype threat and the intellectual test performance of african americans. Journal of Personality and Social Psychology. 1995, 69, pp. 797-811.

2. Schmader, Toni, Johns, Michael et Forbes, Chad. An Integrated Process Model of Stereotype Threat Effects on Performance. Psychological Review. 2008, Vol. 115, 2, pp. 336 –356.

3. Max, Sylvain.Les effets des réputation d’infériorité intellectuelle sur les performances académiques : une menace de l’identité. 2010.

4. Ambady, Nalini, et al. Deflecting negative self-relevant stereotype activation: The effects of individuation. Journal of Experimental Social Psychology. 2004, Vol. 40, pp. 401–408.

5. Davies, Paul G., et al. Consuming images: How television commercials that elicit stereotype threat can restrain women academically and professionally. Personality and Social Psychology Bulletin. 2002, Vol. 28, pp. 1615-1628.

6. Inzlicht, Michael et Ben-Zeev, Talia. A threatening intellectual environment: Why females are susceptible to experiencing problem-solving deficits in the presence of males. Psychological Science. 2000, Vol. 11, 5, pp. 365-371.

7. —. Do High-Achieving Female Students Underperform in Private? The Implications of Threatening Environments on Intellectual Processing. Journal of Educational Psychology. 2003, Vol. 95, 4, pp. 796-80.

8. Ambady, Nalini, et al. Stereotype susceptibility in children: Effects of identity activation on quantitative performance. Psychological science. 12, 2001, Vol. 5, pp. 385-390.

9. Huguet, Pascal et Régner, Isabelle. Counter-stereotypic beliefs in math do not protect school girls from stereotype threat. Journal of Experimental Social Psychology. 2009, Vol. 45, pp. 1024–1027.

10. McGlone, Matthew S. et Aronson, Joshua. Stereotype threat, identity salience, and spatial reasoning. Journal of Applied Developmental Psychology. 2006, Vol. 27, 5, pp. 486-493 .

11. Chalabaev, Aïna, et al. Do Achievement Goals Mediate Stereotype Threat? An Investigation on Females’ Soccer Performance. Journal of Sport and Exercise Psycholoy. 2008, Vol. 30, pp. 143-158.

12. Stone, Je et McWhinnie, Chad. Evidence that blatant versus subtle stereotype threat cues impact performance through dual processes. Journal of Experimental Social Psychology. 2008, Vol. 44, pp. 445–452.

13. Koch, Sabine C., Müller, Stephanie M. et Sieverdin, Monika. Women and computers. Effects of stereotype threat on attribution of failure. Computers & Education. 2008, Vol. 51, pp. 1795–1803.

14. Yeung, Nai Chi Jonathan et von Hippel, Courtney. Stereotype threat increases the likelihood that female drivers in a simulator run over jaywalkers. Accident Analysis & Prevention. 2008, Vol. 40, 2, pp. 667-674.

15. Kray, Laura J., Thompson, Leigh et Galinsky, Adam. Battle of the sexes: Gender stereotype confirmation and reactance in negotiations. Journal of Personality and Social Psychology. 2001, Vol. 80, 6, pp. 942-958.

16. McGlone, Matthew S., Aronson, Joshua et Kobrynowicz, Diane. Stereotype Threat and the Gender Gap in Political Knowledge. Psychology of Women Quarterly. 2006, Vol. 30, 4, pp. 392-398.

17. Gupta, Vishal K., et al. The Role of Gender Stereotypes in Perceptions of Entrepreneurs and Intentions to Become an Entrepreneur. Entrepreneurship Theory and Practice. 2009, Vol. 33, 2, pp. 397–417.

18. Davies, Paul G., Spencer, Steven J. et Steele, Claude. Clearing the Air: Identity Safety Moderates the Effects of Stereotype Threat on Women’s Leadership Aspirations. Journal of Personality and Social Psychology. 2005, Vol. 88, 2, pp. 276-287.

19. Martens, Andy, et al. Combating stereotype threat: The effect of self-affirmation on women’s intellectual performance. Journal of Experimental Social Psychology. 2006, Vol. 42, 2, pp. 236-243.

20. Aronson, Joshua et Fried, Carrie B., Good, Catherine. Reducing the Effects of Stereotype Threat on African American. Journal of Experimental Social Psychology. 2002, Vol. 38, pp. 113–125.

21. Good, Catherine, Aronson, Joshua et Inzlich, Michael. Improving adolescents’ standardized test performance: An intervention to reduce the effects of stereotype threat. Applied Developmental Psychology. 2003, Vol. 24, pp. 645-662.

22. Marx, David M. et Roman, Jasmin S. Female Role Models: Protecting Women’s Math Test Performance. Personality and Social Psychology Bulletin. 2002, Vol. 28, 9, pp. 1183-1193.

23. Johns, Michael, Schmader, Toni et Martens, Andy. Knowing Is Half the Battle : Teaching Stereotype Threat as a Means of Improving. Psychological Science. 2005, Vol. 16, 3, pp. 175-179.

24. Tajfel, H. et Wilkes, A. L. Classification and quantitative judgment. British Journal of Psychology. 1963, 54, pp. 101-114.

25. Moliner, P. & Vidal, J. Stéréotype de la catégorisation et noyau de la représentation. Revue Internationale de Psychologie Sociale. 2003, 1, pp. 157-176.

26. Tajfel, H.Human Groups and Social Categories. s.l. : Cambridge University Press, 1981. ISBN : 0521228395, 978-0521228398.

27. Leyens, Jacques-Philippe et Yzerbyt, Vincent.Stéréotypes et cognition sociale. s.l. : Mardaga, 1996. ISBN : 2870095279, 9782870095270.

28. Sales-Wuillemin, Édith.Psychologie sociale expérimentale de l’usage du langage : : représentations sociales, catégorisation et attitudes, perspectives nouvelles. s.l. : L’Harmattan, 2005. ISBN : 2747583384, 9782747583381.

29. Brown, Rupert.Prejudice: Its Social Psychology. 2. s.l. : John Wiley and Sons, 2010. ISBN :1405113065, 9781405113069.

30. Blair, I. V. The Malleability of Automatic Stereotypes and Prejudice. Personality and Social Psychology Review. 2002, Vol. 6, 3, pp. 242-261.

31. Gaertner, S. L. et McLaughlin, J. P. Racial stereotypes: Associations and ascriptions of positive and negative characteristics. Social Psychology Quarterly,. 1983, Vol. 46, pp. 23-30.

32. Désert, M. Les effets de la menace du stéréotype et du statut minoritaire dans un groupe. Ville école intégration diversité. 2004, Vol. 138, pp. 31-37.

33. Bourhis, Richard Y.. et Leyens, Jacques-Philippe.Stéréotypes, discrimination et relations intergroupes. 2. s.l. : Mardaga, 1999. ISBN : 2870096992, 9782870096994.

12 réflexions sur “La menace du stéréotype

  1. Cela commence très petit. On est mièvre avec les bébés filles que l’on intéresse à la joliesse, que l’on entoure et habille de couleurs douces, on leur présente des fleurs, leur montre les oiseaux. Aux garcons qui sont habillés de couleurs sombres et fortes, on tourne leur intérêt vers les voitures, les excavatrices, les camions de pompier (ô le doux chant du camion de pompier ! :)).
    Pas intérêt qu’ils aient envie de porter des robes ou de sentir le parfum des fleurs.
    Par contre s’intéresser aux camions est tellement pas naturel quand on est tout petit que les filles ne vont guère protester si on ne leur fait pas l’article de ces véhicules.
    C’est tout cela qu’il faut réviser. Dès la naissance, en fait.
    Parfois je me demande si ce ne sont pas les garcons les plus dénaturés, les plus aliénés.
    Comm dit le commentateur Paul, il faudrait rendre les garcons plus filles.
    C’est à dire dans certains cas : plus normaux.

    • Merci Euterpe pour ton commentaire !! 😉
      Absolument, ça commence très très tôt, et je pense que c’est vraiment par l’éducation qu’on arrivera à changer la société, quand les parents arrêteront d’éduquer de manière différente garçons et filles !

      Et je suis aussi assez d’accord avec ce que tu dis sur les garçons : je ne sais pas s’ils sont plus aliénés que les filles, mais ils le sont au moins tout autant ! On parle beaucoup de libération des femmes, mais les hommes, quand vont-ils se libérer ?
      Je pense aussi que c’est aux hommes de se féminiser plutôt qu’aux femmes de se masculiniser.
      En effet, d’après mes lectures, les femmes me semblent EN MOYENNE moins agressives et plus tournées vers les autres. Les hommes ont par exemple tendance à moins écouter les autres, à plus les interrompre. (voir par exemple ici http://lmsi.net/La-repartition-des-taches-entre ). Quand elles parlent c’est plus pour montrer leur accord, pour apporter un soutien, tandis que les hommes semblent plus dominateurs dans leur langage (voir ici https://antisexisme.wordpress.com/2011/03/09/61/ ).

      Il me semble donc que les hommes sont en moyenne plus compétitifs et/ou dominateurs et moins intentionnés envers les autres. Bien sûr, et j’insiste, il s’agit de comportements moyens, et j’ai bien conscience que la variabilité individuelle doit être énorme ; de plus, cela ne serait pas dû à une quelconque nature masculine : on pousse les garçons à adopter ce type de comportement dès qu’ils sont petits.

      A mon avis, ce n’est donc pas aux femmes de se masculiniser. Personnellement, je n’ai pas envie de me mettre à interrompre tout le monde ou à être agressive pour me « libérer ». On peut trouver un compris entre être complètement soumise et être ultra dominante. Ce serait donc plutôt aux hommes d’adopter certaines caractéristiques dites « féminines », qui me semblent plutôt positives (l’intention porté aux autres, affectuosité, exprimer ses sentiments), et en abandonner d’autres, dites « masculines » (agressivité en particulier) qui n’apportent rien de bon.

      Mais bonne nouvelle : les sociétés occidentales seraient particulièrement féminisées ( http://www.ehu.es/pswparod/pdf/articulos/moya1801.pdf ) et les hommes chez nous seraient assez « féminins » par rapport à d’autres contrées (à noter cependant que « masculinité » et « féminité » ne sont pas clairement corrélés négativement). Ce sont dans ces pays « féminins » que l’IDH serait le plus élevé ainsi que le respect des droits humains !! Comme quoi, ça n’a pas que du mal, la féminisation de la société, n’est pas M. Zemmour ? 😉

    • Apparemment, vous n’avez même pas lu l’article que vous me mettez en lien –‘

      Il n’est absolument pas dit que la menace du stéréotype n’existe pas. Les auteurs disent juste qu’elle ne suffit pas à expliquer les différences de résultats entre noirs et blancs au test.

      Dans tous les cas, la menace du stéréotype réduit les performances.

  2. Si je regarde les minutes qui séparent mon commentaire et le votre, je ne crois pas que vous l’avez lu en entier. Ce n’est pas très sérieux. Je suppose que vous vous êtes contentée de lire l’intro, et basta. Pour que ce soit bien clair, une fois pour toute :

    « Thus, rather than showing that eliminating threat eliminates the large score gap on standardized tests, the research actually shows something very different. Specifically, absent stereotype threat, the African American–White difference is just what one would expect based on the African American–White difference in SAT scores, whereas in the presence of stereotype threat, the difference is larger than would be expected based on the difference in SAT scores. »

    En d’autres termes, le B-W gap reste constant, à 1 SD. Bref, la conclusion de ces pseudo-scientifiques Aronson et Steele étant qu’en l’absence de stéréotype, le Black-White gap serait réduit à zéro, a été prouvé être faux. C’est ça, précisément, que je soulignais. Ils posent une causalité alors même qu’ils n’ont jamais réussi à prouver cette causalité. C’est « cette conclusion » qui apparemment a fait de leur étude d’être aussi populaire, bien que ce soit injustifié. C’est cette conclusion qui est relayée par les médias, sans qu’ils y comprennent quoi que ce soit, et interprétée comme étant la faute aux blancs, qui m’exaspère.

    • Pour tout avouer, je n’ai regardé que leur figure et la conclusion, mais visiblement j’ai mieux compris l’article que vous –‘.
      En gros ils critiquent le fait que Steele ait choisi des groupes d’étudiants Noirs et Blancs qui dès le départ aient les mêmes résultats aux SAT.

      « En d’autres termes, le B-W gap reste constant »
      Vous devriez réviser votre anglais… ce n’est absolument pas ce qu’ils disent !

      « Plutôt que de montrer qu’éliminer la menace du stéréotype éliminerait la différence de résultats entre noirs et blancs, le travail [de Steele] montre en réalité quelque chose de vraiment différent. En l’absence de menace du stéréotype, l’écart N-B est ce qu’on attendrait, en se basant sur l’écart N-B aux résultats du SAT [test de maths aux USA], tandis qu’en présence de menace du stéréotype, la différence est plus grande que ce qu’on attend, en se basant sur l’écart au SAT »

      En bref, leur conclusion est : la menace du stéréotype ne suffit pas à expliquer l’écart de résultats entre Noirs et blancs, mais elle l’AUGMENTE !

      Pour eux, donc, supprimer la menace du stéréotype ne suffira pas à supprimer la différence noirs-blancs, et ils ont sans doute raison.

      Ils préconisent de s’intéresser à d’autres facteurs, tel que les « opportunités économiques et sociales des Afro-Africains »

  3. « Vous devriez réviser votre anglais… ce n’est absolument pas ce qu’ils disent ! »

    Si, et vous le prouvez vous-même : en absence de stereotype threat, l’écart B-W en SAT est ce qui est attendu (càd sans surprise) donc écart constant. Ce qui correspond à 1 SD en QI.

    « En bref, leur conclusion est : la menace du stéréotype ne suffit pas à expliquer l’écart de résultats entre Noirs et blancs, mais elle l’AUGMENTE ! »

    Non sequitur. La menace du stéréotype « n’explique pas du tout » l’écart B-W. Car « ne suffit pas » signifierait que le stéréotype réduit l’écart. Il n’en est rien.

    • « en absence de stereotype threat, l’écart B-W en SAT est ce qui est attendu (càd sans surprise) donc écart constant. Ce qui correspond à 1 SD en QI. »

      Oui et en présence de menace du stéréotype, l’écart augmente.

      « Car “ne suffit pas” signifierait que le stéréotype réduit l’écart. »
      Ben euh non… ça signifie que l’ABSENCE de stéréotype (c’est à dire l’absence du mot « intelligence » dans l’énoncé de l’examen) réduit l’écart. Donc la présence du stéréotype l’augmente.

  4. « Ben euh non… ça signifie que l’ABSENCE de stéréotype (c’est à dire l’absence du mot “intelligence” dans l’énoncé de l’examen) réduit l’écart. Donc la présence du stéréotype l’augmente. »

    La conclusion de Sackett et al. est que Aronson et l’autre bouffon ont échoué à démontrer que le stéréotype est la « cause » du B-W gap (qui est resté constant). Vous pourrez toujours faire la maligne et me répéter à tu-tête « oui mais le stéréotype augmente l’écart ». So what ? L’intérêt de l’étude, ce fut de démontrer que le B-W gap est purement un effet « environnemental » ce qui s’est révélé être faux. Alors quel intérêt de venir me dire « oui mais le stéréotype augmente l’écart » si le stéréotype lui-même n’est ni une cause ni une explication de l’écart habituel ?

    • Bon, je laisse tomber –‘.

      Pour quelqu’un qui cherche à tout prix à démontrer sur son blog qu’il fait partie d’une race « intellectuellement supérieure », ça ne le fait pas trop d’être incapable de comprendre un article que vous venez me mettre en lien.

  5. Moi aussi je laisse tomber. Si vous n’êtes même pas fichu de comprendre que « absent stereotype threat, the African American–White difference is just what one would expect based on the African American–White difference in SAT scores » signifie qu’en absence de stéréotype, l’écart étant ce qui est habituellement constaté, et donc, par là, que le stereotype threat n’explique pas l’écart habituel, je ne peux rien pour vous. A ce niveau, ce n’est plus de l’incompétence mais de la mauvaise foi. On voit bien que vous êtes le genre de personne qui n’aime pas être contrarié, qui préfère monter sur ses grands chevaux quand les arguments lui font défaut. Un dernier cadeau pour vous :

    « The authors caution against interpreting the Steele and Aronson experiment as evidence that stereotype threat is the primary cause of African American–White differences in test performance »

  6. J’avais écrit : « Non sequitur. La menace du stéréotype “n’explique pas du tout” l’écart B-W. Car “ne suffit pas” signifierait que le stéréotype réduit l’écart. Il n’en est rien. »

    Je corrige le malentendu, la bonne phrase était évidemment « Car “ne suffit pas” signifierait que l’absence de stéréotype réduit l’écart (je parle toujours ici, de l’écart habituel). Il n’en est rien ».

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