L’impuissance comme idéal de beauté des femmes – une faible occupation de l’espace

Brienne de Torth

Brienne de Torth, une guerrière à la carrure impressionnante (l’actrice qui l’interprète dans la série fait 1m91), aux grandes mains et aux membres musclés, n’est pas une héroïne habituelle… Elle est d’ailleurs décrite comme très laide dans les livres et la série A Game of Thrones.

Partie 1 : Introduction
Partie 2 : Un beau corps féminin est un corps qui n’occupe pas trop d’espace
Partie 3 : Un beau corps féminin se déplace avec difficulté
Partie 4 : Un beau corps féminin est un corps à l’air jeune voire enfantin et qui est sexualisé
Partie 5 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – le sourire
Partie 6 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la répression des désirs
Partie 7 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la souffrance physique
Partie 8 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la souffrance morale
Partie 9 : Sorcières et féministes, quelques figures de la laideur féminine
Partie 10 : Universalité des idéaux de faiblesse 1
Partie 11 : Universalité des idéaux de faiblesse 2
Partie 12 : Conclusion
Supplément : la coercition à la beauté
Supplément : L’impuissance comme idéal de beauté en vidéo

J’ai écrit il y a quelques années déjà un article sur le genre et l’espace qui démontrait qu’occuper beaucoup d’espace est un attribut des dominants. Les puissants et les riches ont de grandes maisons, des grosses voitures, de grands bureaux. On leur laisse également plus d’espace personnel et on se tient éloignés d’eux. Les dominé·e·s libèrent de la place aux dominants quand ces derniers s’approchent d’eux, s’écartant et leur laissant spontanément un plus grand espace personnel. J’ai montré dans cet article que les femmes ont droit à moins d’espace que les hommes : elles ont de plus petites voitures, elles adoptent des positions plus repliées (jambes et bras croisés) que les hommes qui, eux, s’étalent. On laisse aux femmes moins d’espace personnel et on les touche plus fréquemment. Enfin, le harcèlement dans la rue est un moyen de contrôle des femmes par les hommes, qui se sentent par conséquent moins libres de se mouvoir et d’explorer l’espace public. J’expliquai que cette différence dans l’occupation de l’espace, loin d’être anodine, était révélatrice du statut subordonné des femmes par rapport aux hommes.

Cette occupation réduite de l’espace comprend donc deux aspects : un espace personnel réduit (le corps féminin lui-même doit occuper une petite « bulle d’espace »), et une exploration de l’espace public rendue difficile. Je montrerai comment le mythe de la beauté participe lui aussi à cette réduction de l’espace des femmes, et les deux aspects seront abordés dans deux articles différents. Dans celui-ci, j’expliquerai comment une femme considérée comme « belle » et « sexy » se doit de prendre le moins de place possible avec son corps.

Le corps idéal est menu et frêle

Ce n’est un secret pour personne : l’idéal de beauté en Occident est celui de la minceur pour les femmes. Cet idéal de minceur est doublé d’un idéal de fermeté et de tonicité, mais la musculature des femmes ne doit pas être trop volumineuse, en tout cas moins que celle des hommes1. L’obsession anti-graisse serait née dans les années 1920-1930 en France, et dans les années 1950 aux Etats-Unis2.

Hercule et Meg

Dans le dessin-animé Hercule, le dimorphisme au sein du couple formé par Hercule et Meg est très marqué

Cet idéal de la minceur pour les femmes est à opposer à celui des hommes, celui de la musculature3. Être musclé est fortement valorisé chez un homme, et dès l’enfance, les petits garçons aspirent à avoir un corps massif et puissant4,5. Ce modèle de musculature semble être de plus en plus exigeant, puisque par exemple les modèles de Playgirl (magazine américain représentant des hommes nus) ont gagné en musculature au cours des dernières décennies6.

On peut aussi rapidement évoquer le fait que chez les hétérosexuel∙le∙s, il y a clairement une recherche d’un dimorphisme au niveau de la taille : les hommes recherchent des partenaires plus petites qu’eux, et les femmes des conjoints plus grands qu’elles7,8. Les femmes qui recherchent les hommes les plus grands, et les hommes qui recherchent les femmes les plus petites, sont en moyennes plus attaché∙e∙s aux rôles traditionnels masculins7. Notons que les personnes de grande taille (hommes comme femmes) sont perçues comme plus intelligentes, plus dominantes, plus affirmées, plus influentes et plus ambitieuses que les personnes de petite taille9,10. Cela suggère que ce dimorphisme de taille qui est recherché correspond au moins en partie à un différentiel de pouvoir.

barbie

La poupée Barbie est un jouet extrêmement populaire

L’idéal de la minceur pour les femmes est omniprésent, et il s’attaque aux fillettes dès leur plus jeune âge. La filiforme poupée Barbie, l’un des jouets les plus célèbres au monde, cible les petites filles dès l’âge de 3 ans, et sa principale concurrente, Bratz, dès l’âge de 5 ans. Une étude israélienne portant sur 60 filles âgées de 7 à 12 ans indiquent qu’en moyenne celles-ci possédaient 6 poupées Barbie et 3 poupée Bratz11. Dans une autre étude, américaine cette fois-ci,  85% des 40 petites filles interrogées, âgées de 3 ans et demi à 5 ans et demi, jouaient à la Barbie. En moyenne, elles possédaient 5 poupées12. Dans les années 1990, Mattel estimait que 99% des petites filles américaines âgées de 3 à 10 ans possédaient au moins une poupée Barbie13.

L’idéal de la minceur se transmet aussi via les médias, en particulier via les magazines féminins. En réalité, cet idéal se serait établi pendant l’entre-guerre grâce à ces magazines, points de rencontre entre mode et médecine2. Ces magazines sont à l’heure actuelle encore très populaires : environ 26% des filles âgées de 10 à 18 ans lisent au moins deux fois par semaine un magazine de mode14. Une enquête de 2002 auprès de 536 femmes américaines, âgées de 18 à 26 ans, montre que 60% d’entre elles lisent ces journaux au moins une fois par mois15. Et ces revues évoquent très fréquemment la question de la minceur et de la perte de poids. Ainsi, dans les 10 magazines les plus lus par les femmes, il y a 10 fois plus de contenu sur les régimes et la perte de poids que dans les 10 magazines les plus lus par les hommes16. Les quelques contenus « beauté » des magazines lus principalement par les hommes portent davantage sur la forme du corps, et en particulier sur les moyens de gagner en musculature, que sur la perte de poids. Une étude de 199417 a montré que sur une période de 6 mois, on pouvait dénombrer dans un magazine mensuel pour femmes près de 11 articles en moyenne sur la perte de poids (et même 15 dans les magazines spécialisés dans la mode). Dans les magazines pour hommes, on en dénombrait en moyenne moins de 1. Néanmoins, l’étude constatait une diminution de cet écart sur une période de 12 ans (de 1980 à 1991). Enfin, selon une étude de 199918, 33% des couvertures de magazines pour femmes mentionnait un régime, et 23% parlait d’exercices physiques. Aucune des couvertures de magazines pour hommes ne contenait de tels messages. Par ailleurs, 94% des couvertures des magazines féminins et 50% des couvertures des magazines masculins représentaient une jeune femme mince. Clairement, les deux types de magazines rappellent à quoi les femmes doivent ressembler et ce que les hommes doivent rechercher. D’autres études montrent que dans les magazines pour femmes, même ceux consacrées à la santé et au bien-être, la minceur occupe une place centrale19–23.

Magazines féminins

Comment maigrir : un thème récurrent dans les magazines féminins

Par ailleurs, les autres médias sont également concernés par cette ubiquité de la minceur féminine, comme le montrent par exemple des études sur les séries télévisées24,25 et les jeux-vidéos26.

L’idéal de la minceur se reflète également dans son négatif, à savoir la forte stigmatisation des personnes en surpoids ou obèses, qui se manifeste par des discriminations diverses, des insultes ou du harcélèment27–29. Si les personnes des deux sexes qui sont grosses ou obèses subissent cette stigmatisation, il semblerait que la question du poids impacte encore plus les femmes que les hommes. Une étude de 198830 montre que les femmes ont plus fréquemment eu l’impression que leur poids était un frein à l’accomplissement de plusieurs actes de la vie quotidienne, comme se mettre en maillot de bain, aller à une soirée, pouvoir louer une maison ou un appartement, obtenir un travail ou être considéré comme sexuellement attirante. Une autre étude qualitative de 2001 suggère également que les femmes rencontrent plus fréquemment des expériences stigmatisantes à cause de leur poids que les hommes27. Une autre, de 2008, indique aussi que les femmes subiraient plus de discrimination à cause de leur poids que les hommes31. Par exemple, 8,6% des femmes en surpoids (25<IMC<30) rapportent avoir subi au moins une forme de discrimination institutionnelle dans leur vie (cadre médical, professionnel, etc.) ou régulièrement des discriminations interpersonnelles (commentaires négatifs…) contre 3,5% des hommes en surpoids. Pour l’obésité modérée (30≤IMC<35), on trouve les chiffres de 20,6% pour les femmes contre 6,1% pour les hommes. Enfin, pour l’obésité sévère, ces chiffres sont de 45,4% pour les femmes contre 28,1% pour les hommes.

Miss America

Morphologie des Miss America au cours du temps (source)

L’idéal de la minceur s’est amplifié ces dernières décennies. Les femmes représentées dans les médias sont devenues de plus en plus minces. En analysant les couvertures de magazines de mode adressées aux femmes, publiés de 1959 à 1999, des psychologues ont pu démontrer l’existence d’une chute significative du poids des mannequins durant les années 1980 et 199032. Il en va de même pour les playmates des couvertures de Playboy entre 1959 et 19896,33–35. A partir des années 1980, 99% des playmates de Playboy auront un IMC inférieur à 20, et 29% un IMC inférieur à 17.5, ce qui correspond au critère d’anorexie selon l’OMS6.  Cette tendance à la minceur est également observée pour les concourantes et les gagnantes à Miss America6,34,35. Parallèlement, le nombre d’articles incitant à maigrir se multiplie dans les magazines féminins pendant cette période34,35. En revanche, une étude suggère que le poids des playmates de Playboy se serait stabilisé depuis les années 1990, probablement parce qu’il aurait atteint un seuil en-dessous duquel il n’est plus vraiment possible de descendre33. Cependant, d’autres travaux indiquent qu’entre les années 1990 et 2000 il y aurait eu une augmentation des représentations de femmes très minces (mensuration : 33-22-33 en pouces — 84-56-84 en cm) sur les couvertures de Playboy, au détriment de femmes avec des mensurations égales à 34-23-34 (86-58-86 en cm) 36. Alors que la « femme idéale » était de plus en plus mince, la stigmatisation des personnes obèses se renforçait37.

Pendant ces décennies, alors que l’idéal de minceur progressait, en parallèle, le poids des femmes occidentales augmentait, si bien que l’écart entre les femmes « idéales » et les femmes réelles n’a cessé de se creuser6,38. Ainsi, entre 1995 et 1997, l’IMC moyen d’une playmate de Playboy était de 18 alors que celui d’une femme américaine ou canadienne tournait autour de 23-256. Par ailleurs, une étude toute récente semble indiquer qu’il est plus difficile d’être mince aujourd’hui que dans les années 1980, en tout cas aux Etats-Unis39. Plus précisément : avec la même alimentation et le même niveau d’exercice physique, un·e américain·e a aujourd’hui un IMC supérieur de 2,3 points par rapport à celui qu’iel aurait eu dans les années 1980. Difficile d’en connaître la raison (changement dans la flore intestinale ? polluants ? prise de médicaments ?), mais toujours est-il que ce facteur s’ajoute à la difficulté croissante des femmes à atteindre le poids considéré comme idéal. La grande majorité des femmes ne peuvent ressembler aux mannequins des magazines que si elles s’affament.

IMC miss America

L’IMC moyen des Américaines a augmenté au cours des dernières décennies, tandis que celui des gagnantes à Miss America a eu tendance à diminuer, sauf vers les années 2000 où il semble avoir augmenté à nouveau (source).

On peut aussi mettre en lien la tendance à idéaliser des corps féminins de plus en plus maigres avec celle à idéaliser des corps masculins de plus en plus musclés et massifs6. Les autrices d’une étude de 1999 concluaient : « La différence en termes de dimensions entre les corps masculins et féminins dépeinte par les médias dans les années 1990 [est] colossale, tandis que la différence de corpulence entre femmes et hommes américains âgés de 18 à 24 ans [est] en réalité assez faible. »

Une anxiété palpable chez les femmes

Il n’est donc pas étonnant que la plupart des femmes se sentent trop grosses, et qu’il existe une grande différence entre hommes et femmes dans le contrôle du poids, la peur d’être en surpoids et l’anxiété liée à l’alimentation30,40. Ainsi, une étude internationale de 200541 indique que dans les 22 pays étudiés (des pays d’Europe de l’Ouest, de l’Est, les Etats-Unis, mais aussi quelques pays asiatiques et d’Amérique latine), les femmes se trouvent, de manière systématique, plus fréquemment grosses que les hommes, et essayent plus souvent qu’eux de perdre du poids. Par exemple, 13% des hommes français et 28% des hommes belges pensent être en surpoids, contre 38% des femmes françaises et 59% des femmes belges. Par ailleurs, les hommes commencent à se percevoir comme étant en surpoids seulement quand ils atteignent un poids vraiment important (la majorité ne se sentira en surpoids que quand ils feront partie des 20% ayant les IMC les plus important de la population), alors même qu’un pourcentage relativement important (20-30%) de femmes avec une morphologie normale pensent être grosses. Par ailleurs, dans une étude de 199342 où des adolescentes et jeunes adultes britanniques blanches et d’origine asiatique ont été interrogées sur leur comportement vis-à-vis de leur poids, 70% des participantes blanches et 54% des participantes originaires d’Asie disaient souhaiter perdent du poids.

maillot

Ce désir de maigrir concerne aussi les adolescentes, et mêmes les petites filles. Une enquête43 sur des adolescent∙e∙s canadiennes montre que 35% des filles de 4ème souhaitent être plus minces (contre 4% des garçons). Une autre sur des enfants et adolescentes américaines âgées de 8 à 12 ans montre que 30% des filles ayant un poids normal voulait maigrir (contre 13% des garçons)44. Entre 28% et 55% des fillettes souhaiteraient être plus minces, contre 17 à 30% des petits garçons5,45. Les différences entre filles et garçons concernant leur image corporelle émergeraient dès l’âge de 8 ans45.

Que font donc ces femmes, ces adolescentes et ces petites filles qui se sentent trop grosses ? Tout naturellement, elles se « prennent en main ».  Ainsi, au moment de l’enquête de 2005 citée ci-dessus, 39% des femmes françaises (contre 10% des hommes français) et 50% des femmes belges (contre 21% des hommes belges) étaient en train d’essayer de perdre du poids41. Dans les études américaines, la proportion de femmes adultes étant en train d’essayer de perdre du poids au moment de l’enquête varie entre 38% et 59%41,46–48 (25-30% pour celles qui ont un poids normal ou faible : IMC ≤ 2547,49). Chez les hommes adultes américain, ce pourcentage est de l’ordre de 25%41,46,47 (6-9% pour un IMC ≤ 2547,49).  Selon une enquête, 58% des femmes américaines contrôlent leur poids (48% pour maigrir, 10% pour ne pas grossir)49. Une étude50 combinant des données provenant de 4456 adolescentes et jeunes adultes américaines (90% blanches et toutes filles d’infirmière ou d’infirmier), âgées de 14 ans à 22 ans, donne ce chiffre élevé : 78% d’entre elles contrôlaient leur poids au moment de l’enquête, 54% dans le but de maigrir, 24 % pour maintenir son poids. Chez les adolescentes américaine seules (14-18 ans), on trouve également ce chiffre de 78% (62% pour maigrir, 16% pour maintenir son poids) (contre 40-50% des adolescents dont seulement 23-28% pour maigrir)51. Parmi les filles canadiennes de 4ème, 66% ont déjà essayé de perdre du poids dans le passé (contre 30% des garçons) et 41% sont en train de tenter de perdre du poids au moment de l’enquête (contre 9% des garçons)43.

Une échelle a été mise en place par des psychologues pour mesurer la volonté de devenir mince (en anglais : “drive for thinness”)52. On demande aux personnes interrogées si elles se reconnaissent dans des affirmations comme « J’exagère l’importance du poids », « Je suis terrifié∙é∙e à l’idée d’être en surpoids », « Je fais des régimes », etc. De la même manière, il existe une échelle pour mesurer la volonté à être musclé∙e (« J’aimerais être plus musclé∙e », « J’essaye de consommer autant de calories que possible », « Je prends des suppléments protéinés », etc.)3. Sans surprise, les femmes et les adolescentes ont un score significativement plus élevé que les hommes et les adolescents pour la volonté à être mince53,54, alors que les hommes et les adolescents ont un score significativement plus élevé sur l’échelle de la volonté d’être musclé∙e3,53.

L’anorexie mentale, qui est une forme extrême et pathologique du contrôle du poids, touche plus fréquemment les femmes que les hommes (en particulier les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans)55. Le chiffre de 90% de femmes parmi les patientes anorexiques revient très souvent dans la littérature, et c’est d’ailleurs celui qui est donné dans l’ouvrage de référence pour la psychiatrie, le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders)56,57. En réalité, les études sur la prévalence de l’anorexie mentale donnent des résultats variables en fonction des pays étudiés, de la méthodologie employée, ou de la définition de l’anorexie utilisée (définition stricte – tous les critères, donc l’aménorrhée, sont remplis – ou plus large – seuls quelques critères sont remplis). Dans tous les cas, elles indiquent que les femmes sont plus touchées que les hommes55. Par exemple, selon deux études58,59, 0.9% des femmes adultes américaines et européennes disent avoir été anorexiques au moins à un moment de leur vie (définition stricte de l’anorexie), contre 0.3% des hommes adultes américains et 0% des hommes européens. Pour l’ensemble des troubles alimentaires, on trouve en Europe une prévalence de 3.7% chez les femmes et 1.2% chez les hommes sur la vie entière58. Si l’anorexie au sens stricte du terme est donc relativement rare, l’anorexie au sens large serait beaucoup plus courante, sans parler des autres troubles alimentaires56. Précisons au passage que les anorexiques maigrissent souvent au point de s’éloigner de l’idéal de minceur. Néanmoins, l’anorexie a tout de même un rapport avec l’idéal de la minceur. Par exemple, cette maladie commence souvent par un banal régime dans le but de perdre quelques kilos « en trop»60. Par ailleurs, les anorexiques sont souvent obsédées par le contrôle et la discipline de leur corps (plus que par le fait d’acquérir une belle apparence) et détestent la graisse de leur corps féminin, ce qui est quelque chose que l’on trouve de manière générale dans l’idéal de minceur et le contrôle du poids (j’en reparlerai plus tard)60. L’anorexie et les autres troubles du comportement alimentaire, ne seraient donc pas une rupture, mais une continuité dans ce que vivent l’ensemble des femmes : la haine de son corps, le désir de le contrôler, la peur de la nourriture et l’interdiction de trop manger.

Les pratiques pour maigrir

homme et femme courant

Les femmes et les hommes hétérosexuels n’ont pas les mêmes motivations à faire du sport

Les pratiques les plus fréquemment employées pour perdre du poids sont le régime et l’exercice physique47. Près de la moitié des filles de 8-9 ans ont déjà fait un régime (contre 37% des garçons) et 61% font souvent ou très souvent de l’exercice pour maigrir (55% des garçons)5. Près de la moitié des adolescentes et jeunes adultes américaines âgée de 14 à 22 ans ont été au régime au cours de l’année passée50.  Environ la moitié s’exerce au moins une fois par semaine dans le but de maigrir, dont  14% plus de 5 jours par semaine. Les hommes font aussi de l’exercice physique, mais il a été démontré que leurs motivations ne sont pas les mêmes que celles des femmes. Si les hommes hétérosexuels sont plus motivés que les femmes et les hommes homosexuels par l’esprit de compétition, les femmes hétérosexuelles en revanche expriment plus de motivations liées au contrôle du poids et au souci d’une belle apparence61.

A côté de ces techniques « classiques », il existe des méthodes plus dangereuses pour la santé comme les méthodes de purgation (se faire vomir, utiliser des laxatifs ou des diurétiques), prendre des pilules amaigrissantes ou encore jeûner et sauter des repas47. Plusieurs études montrent qu’une proportion, faible mais non négligeable (6-7%) d’adolescentes et de jeunes femmes utilise ces techniques dangereuses, contre 3% des garçons et des jeunes hommes50,62. Une étude54 montre que les femmes ont significativement plus de chances que les hommes  d’avoir utilisé dans leur vie divers types de techniques dangereuses pour maigrir, comme jeûner, se faire vomir, utiliser des laxatifs, des diurétiques ou encore des pilules amaigrissantes. Ainsi, 42% des femmes avaient déjà utilisé des pilules amaigrissantes (contre 12% des hommes) et 24% avaient usé d’une méthode de « purgation » (contre 6% des hommes). La seule technique qui ne distinguait pas significativement hommes et femmes était l’exercice physique.

Visite au chirurgien esthétique

Visite au chirurgien esthétique (Visita al Cirujano Plástico), tableau de Remedios Varo (1960)

Une autre pratique pour se rapprocher de l’idéal de la minceur, plus extrême, se banalise : la chirurgie esthétique. La liposuccion est l’un des actes de chirurgie esthétique les plus fréquemment réalisé aux Etats-Unis et en France. Ainsi, selon American Society for Aesthetic Plastic Surgery, la liposuccion est la première pratique de chirurgie aux Etats-Unis avec 842 000 actes réalisés en 201463. Selon  l’American Society of Plastic Surgeons (la plus grande organisation de chirurgiens plastiques du monde), la liposuccion arrive en 3ème position des pratiques de chirurgie esthétique (après l’augmentation mammaire et la rhinoplastie) les plus souvent réalisées aux Etats-Unis, avec 211 000 actes en 201464. Les statistiques de l’International Society of Aesthetic Plastic Surgery65 pour 2014 place la liposuccion en 2ème place (après l’augmentation mammaire) aux Etats-Unis avec 243 000 interventions. En France, elle serait également le deuxième acte de chirurgie esthétique le plus pratiqué65. Des chercheuses ont étudié l’évolution de 1989 à 2007 des articles sur les méthodes pour perdre du poids, publiés dans les magazines féminins66. Elles ont pu montrer que le nombre d’articles consacrés à la chirurgie esthétique a considérablement augmenté depuis 1989, tandis que ceux consacrés à l’exercice physique ont diminué. Les articles consacrés aux régimes ont également diminué, de manière progressive, avec néanmoins une augmentation marginale entre 2003 et 2007. Ainsi la chirurgie esthétique est maintenant banalisée et perçue comme une méthode alternative aux régimes et à l’exercice physique pour se rapprocher de l’idéal de minceur, ce qui indique que les pratiques deviennent plus extrêmes.

Symboliques de la minceur

Mais pourquoi les femmes devraient-elles être minces ? Que représente cet idéal de la minceur et qu’enseigne-t-il aux femmes ?

D’abord, la minceur, c’est simplement le fait d’avoir une faible corpulence, d’avoir un corps qui ne prend pas beaucoup de place. Comme je l’ai déjà dit en introduction, on peut mettre ceci en relation avec le pouvoir lié à l’occupation de l’espace. Les dominants (notamment les hommes) occupent beaucoup d’espace, les dominé∙e∙s (notamment les femmes) peu. Est-ce vraiment un hasard si chez les hommes, l’idéal est celui d’un corps massif et musclé, et chez les femmes, celui d’un corps menu ? Ce différentiel de corpulence dans les idéaux de beauté représente très vraisemblablement un différentiel de pouvoir entre hommes et femmes. Il est d’ailleurs possible qu’il ne se contente pas de « représenter » une hiérarchie, mais qu’il la renforce réellement, en enseignant aux femmes qu’elles ne doivent pas prendre trop de place, qu’elles doivent ne pas être trop visibles, et aux hommes qu’ils peuvent occuper l’espace.

Homere Simpson

Homere Simpson, un personnage paresseux, bête et gros

Par ailleurs, la graisse représente la paresse ou la négligence quand la minceur représente la discipline, la volonté, le contrôle et la restriction. Les personnes obèses sont souvent qualifiées de « paresseuses »67.  La laideur de la graisse n’est pas seulement d’ordre esthétique : c’est une laideur morale. La sociologue Rossella Ghigi, qui a étudié l’histoire de la cellulite, note que, bien qu’il existât déjà auparavant des normes esthétiques liées au poids, ce n’est qu’au cours du 20ème siècle (années 1920-1930 en France), qu’est apparue cette connotation morale de la graisse2. Dès son « invention » dans les années 1920 en France, la cellulite a revêtu cette valeur morale : les femmes qui en présentaient avaient commis la terrible faute de s’être « laissées aller », d’avoir laissé leur corps suivre son évolution naturelle, et donc d’avoir été paresseuses et négligentes. Avant, ces dépôts graisseux que sont la cellulite, non pathologiques et tout à fait normaux puisqu’ils seraient présents chez 85 à 98% des femmes68, n’étaient même pas nommés.

Les philosophes Sandra Bartky et Susan Bordo ont réfléchi à cette notion de discipline qu’on requiert des femmes pour qu’elles soient « belles »60,69. Elles s’inspirent des travaux de Foucault, selon lequel, avec l’avènement des démocraties parlementaires, le pouvoir a pris une forme nouvelle. Le pouvoir ne s’imposerait plus par la force ou par la violence, mais à l’aide de pratiques disciplinaires directement tournés vers le corps. Dans Surveiller et Punir70, Foucault s’inspire de la métaphore du panoptique, un type de prison dans lequel un gardien est capable d’observer tous les prisonniers, sans que ceux-ci ne puissent le voir et donc savoir quand ils sont effectivement surveillés. L’effet de ce dispositif est d’induire chez chacun des détenus un « état conscient et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir ». Autrement dit, sachant qu’il peut être observé à n’importe quel moment, le prisonnier se surveille et s’autodiscipline constamment, sans que la force ne soit nécessaire. Selon Foucault, cette autodiscipline est la principale forme de pouvoir exercée dans les sociétés actuelles.

panoptique

Presidio Modelo: une prison cubaine panoptique ouverte entre 1927 et 1967 (source)

On peut faire remarquer que le pouvoir patriarcal s’exerce toujours par la force : les femmes sont massivement soumises à diverses formes de violence et à une importante exploitation économique. Néanmoins, en ce qui concerne le fonctionnement du mythe de la beauté, ce concept d’auto-surveillance avancé par Foucault, pourrait permettre de décrire assez précisément l’état d’esprit des femmes qui cherchent à maigrir, ou de celles qui sont de manière générale impliquées dans leur apparence. Mona Chollet cite dans Beauté Fatale71 un article du magazine ELLE paru en 2006 qui donnait des conseils pour « mincir sans y penser » et qui est illustre assez bien comment une femme peut sans cesse s’auto-surveiller si elle souhaite vraiment maigrir. Comme Mona Chollet le dit, bien loin de permettre de maigrir sans y penser, ces conseils permettaient au contraire d’y penser tout le temps : « se dresser sur la pointe des pieds en se brossant les dents », « contracter les abdominaux au volant », « serrer le ventre et les fesses dès qu’on y pense », etc.

Contrôler constamment son alimentation, résister aux appels des sucreries et du gras, maîtriser d’une main de fer ses désirs pour ces aliments, se tenir droite et rentrer le ventre, s’obliger à faire travailler ses muscles dès qu’on se trouve en position assise, faire attention à prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur, se laver à l’eau froide plutôt qu’à l’eau chaude, passer sa soirée à la salle de sport plutôt que devant la télévision, etc. : l’idéal de minceur induit bien un état de conscience particulier, qui aboutit à une auto-surveillance permanente chez les femmes, à laquelle il faut ajouter toutes les autres pratiques de beauté (aller vérifier régulièrement son maquillage, surveiller sa coupe de cheveux, contrôler ses expressions pour ne pas avoir trop de rides, ne pas oublier d’appliquer sa crème pour la peau avant de se coucher, etc.). L’idéal de la minceur, et les idéaux de beauté de manière générale, enseigne donc bien aux femmes le contrôle d’elles-mêmes et l’autodiscipline. Qui doit être contrôlé et discipliné ? Les subordonnées. Rossella Ghigi note que les femmes ont le devoir de se maîtriser, de se contrôler, de se discipliner elles-mêmes, quand les hommes ont le privilège de contrôler autrui2. Des études confirment que les femmes anorexiques ont souvent l’impression de ne pas pouvoir contrôler les évènements extérieurs et leur propre vie (surtout si elles ont été victimes de violences sexuelles, notamment d’inceste)72,73 ; faute de mieux, elles cherchent à contrôler drastiquement leur propre corps.

Faisons également remarquer que si les femmes ou les filles choisissent de s’autodiscipliner, c’est pour éviter d’être disciplinées par d’autres, tout comme le détenu s’autodiscipline pour éviter d’être puni par les gardiens de la prison. L’importante stigmatisation des femmes grosses ou obèses est une punition et permet d’avertir toutes les femmes de ce qui les attend si elles s’éloignent trop de l’idéal de la minceur. Les couvertures et le contenu des magazines servent également de rappels à l’ordre, et ce n’est pas pour rien que l’exposition à ces médias induit un changement des croyances et du comportement alimentaire, comme l’indique une méta-analyse de 2008 (autrement dit, les femmes qui lisent des magazines féminins surveillent plus leur alimentation)74. Les études montrent également que les adolescentes qui reçoivent des remarques sur leur poids, de la part de leurs parents ou de leurs camarades, le surveillent plus étroitement4,75.

Le dictateur

Les femmes anorexiques rapportent parfois qu’un « dictateur » intérieur leur aboierait des ordres pour maigrir

Ce processus d’autodiscipline semble suivre la dualité corps/esprit – femme/homme. Hilde Bruch, une psychiatre germano-américaine qui a travaillé pendant des décennies sur les troubles alimentaire et qui a été une pionnière dans ce domaine, rapporte que les anorexiques disent souvent qu’elles ont deux « sois » en elles76. Il y en d’une part un « fantôme », un « dictateur », un « petit homme » – une figure toujours masculine – qui leur interdit de manger. Ce soi masculin représente l’esprit et la volonté. Il est constamment en guerre contre un autre soi, inférieur : le soi dominé par les appétits, le soi incontrôlable, sans volonté. Ce soi est le corps et il est féminin. Mona Chollet cite un exemple allant dans ce sens dans Beauté Fatale71 : l’actrice Portia de Rossi, qui a joué dans la série Ally McBeal et qui a été anorexique a vu surgir, alors qu’elle n’était qu’une jeune adolescente et qu’elle débutait sa carrière de mannequin, une voix masculine dans sa tête. Cette voix la rappelait constamment à l’ordre, par des insultes et des ordres, dès qu’elle « se laissait aller » et que son corps reprenait le dessus.

Enfin, selon Naomi Wolf77, ce ne serait pas la minceur en elle-même qui serait sexy, mais avant tout la faim ressentie par les femmes lors des régimes. Les régimes apprennent aux femmes à considérer leurs besoins et leurs désirs comme peu importants, moins en tout cas qu’une belle apparence. Historiquement, en période de famine, les femmes ont toujours été privées les premières77. Et même en temps normal, les filles ont été moins nourries que les hommes, dans de nombreuses contrées à de nombreuses époques. « La nourriture est le symbole premier de la valeur sociale. Qui est socialement considéré est bien nourri » écrit Naomi Wolf. La philosophe Susan Bordo fait remarquer que les femmes ont traditionnellement un rôle nourricier : c’est elles qui cuisinent pour le reste de la famille. Leur rôle est d’alimenter les autres, de leur procurer du plaisir, pas de se nourrir elles-mêmes60. L’idéal de minceur, comme d’autres idéaux, leur apprend l’abnégation, le fait d’être tournée d’abord vers les autres que vers soi-même.

Réduction de l’espace, autodiscipline, contrôle et abnégation : voici quelques clés pour comprendre l’idéal de la minceur en relation avec la domination masculine. Néanmoins, la symbolique de la minceur est en réalité extrêmement complexe, et est traversée par encore d’autres enjeux. Des livres entiers y ont été consacrés60,78 ! Par exemple, la minceur exprime aussi l’activité face à la passivité, ou encore la force de l’esprit face au corps. Comme on l’a vu en introduction, les hommes ont depuis l’Antiquité été associés à l’esprit et à l’activité, et les femmes cotonnées aux notions de corps et de passivité. La minceur, voire l’extrême maigreur, peut être, pour les femmes, un moyen de s’opposer, au moins symboliquement, à ce modèle, de rejeter le rôle dans lequel on les a enfermées, de revendiquer des qualités spirituelles, en réduisant la masse (et donc métaphoriquement l’importance) de son corps pour devenir un pur esprit (même si cette opposition à ce modèle de féminité se base sur la haine de son corps de femme, qui est un sentiment typiquement féminin, distillé par le patriarcat ; les hommes n’ont pas besoin de nier leur corps pour se voir reconnaître un esprit)60. C’est en tout cas ce qu’expriment un certain nombre de femmes anorexiques60,78. On peut aussi ajouter que cet idéal de minceur (et son corollaire : la moralisation de la graisse) est apparu dans les années 1920 au moment où les femmes entraient massivement sur le marché du travail, ce qui peut signaler une modification de l’idéal de féminité : jusqu’au XIXème siècle, on attendait des femmes qu’elles soient avant tout des mères et des épouses, et l’idéal de la passivité primait. Au XXème siècle, les femmes sont aussi des travailleuses et des productrices, et leur corps se doit d’exprimer un certain idéal lié à l’activité60 (notons qu’après la seconde guerre mondiale, jusqu’au début des années 60, il y a eu un retour de l’idéal de la femme au foyer – au même moment, l’idéal féminin a un peu gagné en rondeurs, avant de redevenir plus mince par la suite). Enfin, nous verrons également plus tard que la minceur est également associée à la jeunesse, voire à l’enfance.

Références

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23 réflexions sur “L’impuissance comme idéal de beauté des femmes – une faible occupation de l’espace

  1. Bonjour! J’attendais la suite du premier article et ne suis pas déçue, toujours très intéressant.
    Je vous recommande, si vous ne l’avez pas déjà lu, l’ouvrage de Fatima Mernissi Le harem et l’Occident (2001), elle consacre le dernier chapitre au « harem de la taille 38 » auquel sont condamnées les femmes occidentales contemporaines, cela rejoint l’idée que vous développez dans cet article à propos de l’auto-surveillance.

  2. Merci pour tout ce travail si complet, si bien documenté, annoté, écrit ! Quelle analyse pertinente, complète, détaillée ! Une chance pour les féministes d’avoir ton support. Le site devient une référence ressource incontournable. Je partagerai ces jours qui viennent sur des plateformes féministes. J’espère que ton travail sera lu un maximum, car il est dense et riche.

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  4. Merci pour cet article, par contre je suis contre cette idée que les femmes ne sont entrées dans le monde du travail qu’à partir des années 20, les femmes ont toujours travaillé, massivement même si elles n’étaient pas forcément reconnues, un artisan ou commerçant ne pouvait s’établir sans une femme qui gérait toute la gestion, l’agriculture, suffit de relire zola ou d’autres auteurs plus anciens pour voir que les seules femmes qui ne travaillaient pas étaient les riches mais que c’était considéré comme incongru pour les hommes riches aussi.
    La seule exception notable sont les femmes des mineurs (et seulement après avoir accouchées du premier enfant) pour ne pas abimer leur potentiel de « matrice » et mettre au monde les futurs mineurs (la raison était officielle d’ailleurs). Ce n’est pas un hasard si les grèves les plus violentes ont eu lieu dans les villages miniers où un seul secteur faisait vivre toute la famille, contrairement aux grandes villes où tout un monde de métier était réservée aux femmes, avec les jeunes enfants accrochés à leurs jupes (et où les travails à l’usine les moins bien payés et les PLUS dangereux leur étaient réservés).
    Les années 20 ont correspondu au paroxysme de la perte du revenu de la terre, obligeant au changement de valeur sur le travail des hommes de l’élite, qui devaient maintenant tous travailler pour garder leur place, mais l’ancienne valeur de non-travail est restée pour les femmes.
    Il y aussi la transformation du travail vers plus de services, de travail salarié, où on ne recherchait plus des femmes fortes et massives et la mécanisation accrue des usines.
    C’est consternant encore de voir dans les manuels scolaires que ça serait avec la deuxième guerre mondiale que les femmes ont accédé au monde du travail officiel, alors que ce n’était que l’accès aux domaines plus prestigieux et mieux payés, ou ceux où on ne pouvait pas emmener un couffin (conductrice de tramway) réservés aux hommes auparavant. (le montage des ogives produit fini qui était dévolu aux hommes était beaucoup moins dangereux que les assemblages chimiques des produits explosifs étape précédente qui ont toujours été réservés aux femmes).
    Avec la baisse de la mortalité infantile, l’époque hygiéniste et guerrière poussant à la recherche d’une haute natalité et de la survie des enfants pour faire les futurs soldats (faut voir les affiches de l’époque, vive la natalité pour aller faire la guerre à la Prusse ou future Allemagne…) et donc le rejet des jeunes enfants au travail, puis ensuite la volonté de « repeupler » la France après la deuxième guerre mondiale, il y eu une transformation de l’image de la femme au travail dans les villes où les mères de famille de foyers salariés devaient garder les jeunes enfants et où un seul salaire faisant vivre le foyer était le signe d’avancée sociale.
    D’ailleurs en corollaire, l’image des hommes était aussi touchée par la baisse de la musculature – signe de métier intellectuel contre un forçat agricole ou de l’usine. Ce n’est finalement que depuis les années 90 où reviennent les valeurs « traditionnelles » que la virilité revient (ça ressemble d’ailleurs beaucoup à l’époque allemande des années 30 avec la propagande nazi pro-soldat fort et viril allemand en opposition avec l’intellectualisation en cours), mais où les femmes ne sont pas revenues dans l’image de la « matrice » à l’ancienne, et que cela est devenu une valeur seulement partagée par les classes sociales populaires (avec les métiers les plus physiques).
    La baisse de l’imc « valorisée » va aussi de pair avec la fin de l’apartheid et des thèses racistes sur les différences intellectuelles blanc-afro-américains et l’immigration massive des sud-américains aux USA, où les canons de beauté wasp et donc l’appartenance à l’élite ou son potentiel accès sont encore moins atteignables pour les afro-américaines et les métissés indiens (beaucoup plus trapus en Amérique du sud qu’en Amérique du nord). Michele Obama a beaucoup été critiqué pour être perçu comme une « mama afro-américaine » au début, avec tout ce que le cliché sous-entend.
    Pour l’avoir vécu, cette obsession du poids est une catastrophe d’un point de vue santé pour les femmes en dehors même des régimes (qui sont aussi coupables de se rendre malade). J’avais du mal à rester au dessus de mes 50 kilos, et la seule réponse du corps médical était le haussement d’épaule « vous devriez être bien contente », puis quand je me suis mise à grossir en mangeant à peine avec d’autres symptômes qui m’ont envoyé aux urgences pour des transfusions personne ne me croyait il aurait suffit que j’arrête de bouffer du chocolat la nuit n’est-ce-pas ? 3 ans et 30 kilos plus tard pour poser un diagnostic sur la thyroïde, et là la découverte de ce problème massif chez des collègues des amies, de ces femmes qu’on a accusé d’être faibles, gourmandes, quand il y avait des vrais problèmes de thyroïdes ou d’hormones…

    • Bonjour et merci de votre commentaire.

      Vous avez raison pour le travail. Mais je pensais plus au travail salarié (et je pense que « marché du travail » sous entend bien le salariat). Il y avait déjà des femmes salariées avant, mais dans les années 20, le nombre de femmes salariées en Europe a augmenté fortement.

  5. Texte très interessant! J’ajouterais dans la même lignée que la faible occupation de l’espace et du déplacement avec difficulté le fait que les vêtements et accessoires de mode valorisés et considérés comme sexy sont souvent contraignants: mini jupes, jupes crayon ou jeans skynny qui réduisent les possibilités de mouvement, talons hauts avec lesquels il est difficile de marcher et encore plus de courir, faux ongles qui réduisent la dextérité manuelle…pour moi, ça reste dans le même ordre d’idée que les corsets et autres. Ces accessoires ont aussi comme conséquences de réduire la mobilité des femmes dans l’espace.

  6. Très bon article.
    À propos de la minceur associée à la jeunesse, j’ajouterais le thème associé de la peur d’un corps féminin qui désire, donc d’une femme réelle pas seulement définie par son corps mais par tout ce qu’elle est. Je pense, en effet, que cette véritable obsession à l’égard de la modélisation du corps des femmes participe d’une volonté de contrôler l’appétence des femmes. La passion et la véhémence font peur et dieu sait ce qui arriverait si on leur laissait le champ libre… D’où ces injonctions et ces formules qui ne visent, au fond, qu’à les tenir à distance de leurs volontés de modeler le monde à leurs goûts.

    En face de ces éternelles fillettes, filiformes désarticulées et émaciées, il n’y a pas de souci, aucune menace en vue, n’est-ce pas?

    Tandis qu’en face d’une femme qui a donné naissance, plutôt deux fois qu’une, avec les hanches qui en témoignent et l’assurance qui va avec, ah ça non, c’est trop, on ne peut pas incorporer cette femme-là. Ah oui, vraiment?

    En fait, ce que je pense c’est qu’on a peur du désir des femmes autodéterminées, j’entends pas là la présence au monde définie en dehors du désir des hommes que les femmes continuent de les servir.

  7. Pingback: Malade, mais mince!

  8. Très bon article!

    Je tiens à mentionner de quoi à propos de la minceur. En Asie (ça n’inclue pas l’Inde), les femmes sont obligées d’être mince. Si elles prennent un kilo, les membres de sa famille, ses amis et autres ne se gênent pas à leur dire. Eux aussi adorent les femmes-enfants.

  9. Pingback: « Une femme c’est fait pour être comme elle a envie d’être. » – Ma petite boîte à mots.

  10. Pingback: Malade, mais mince!

  11. Pingback: L’infantilisation et la sexualisation (antisexisme) – Le Vagin Connaisseur

  12. Bonjour,

    Merci pour cet immense travail, très intéressant.

    J’aurais simplement une remarque à propos d’une donnée qui m’étonne un peu, et qui provient de la réf. 76 : Bruch, H. The Golden Cage: The Enigma of Anorexia Nervosa. (Harvard University Press, 1978). En voyant la date de la publication, j’arrive un peu mieux à m’expliquer mon étonnement concernant l’idée que les jeunes filles anorexiques se perçoivent comme dédoublées entre une figure masculine représentant l’esprit et le contrôle, et leur corps non maîtrisé qui demeure lui féminin.
    Il me semble pourtant que beaucoup de filles ou femmes anorexiques, notamment lorsqu’elles prennent la parole sur des espaces numériques ou même choisissent des modes d’expression poétiques, font référence à leur maladie comme à une figure féminine qu’elles appellent – parfois affectueusement d’ailleurs – « Ana » (parallèlement ou concurremment, lcertaines femmes boulimiques appellent leur maladie « Mia »). J’imagine que ce phénomène ne prenait évidemment pas cette forme à l’époque de l’étude de Bruch, et qu’il a parfaitement pu évoluer depuis.
    Peut-être que le contrôle du corps est désormais tellement idéalisé pour et par les femmes que la figure du « dictateur » a pu sans problème devenir féminine dans l’imaginaire des personnes anorexiques ?
    C’est une bien pauvre contribution à la question évidemment, et qui a le défaut de ne s’appuyer sur aucune source, mais je souhaitais tout de même le mentionner pour nuancer la pertinence de la distinction entre instance masculine et instance féminine dans le cas précis de l’imaginaire lié aux troubles du comportement alimentaire.

    Merci encore en tout cas !

    • Bonjour Marie,

      Merci pour votre commentaire et votre contribution.

      J’ai rédigé cet article il y a un peu longtemps, donc je ne me rappelle plus de tout — il me semble néanmoins avoir lu à plusieurs endroits différents cette histoire de voix masculine. Je n’en suis pas certaine, cela dit (ou alors, la source que je cite s’appuie sur des sources diverses).
      En tout cas, ça a pu effectivement changé entre les années 70 et maintenant !

      Bref, je ne me peux pas dire, mais en tout cas, votre remarque mérite réflexion 🙂

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