L’impuissance comme idéal de beauté des femmes – le sourire

pub sourire

Publicité américaine de 1958 (source)

Un grand merci à Pimprenelle pour ses relectures attentives et ses corrections.

Partie 1 : Introduction
Partie 2 : Un beau corps féminin est un corps qui n’occupe pas trop d’espace
Partie 3 : Un beau corps féminin se déplace avec difficulté
Partie 4 : Un beau corps féminin est un corps à l’air jeune voire enfantin et qui est sexualisé
Partie 5 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – le sourire
Partie 6 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la répression des désirs
Partie 7 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la souffrance physique
Partie 8 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la souffrance morale
Partie 9 : Sorcières et féministes, quelques figures de la laideur féminine
Partie 10 : Universalité des idéaux de faiblesse 1
Partie 11 : Universalité des idéaux de faiblesse 2
Partie 12 : Conclusion
Supplément : la coercition à la beauté
Supplément : L’impuissance comme idéal de beauté en vidéo

De l’altruisme des femmes

L’empathie, une émotion altruiste et féminine

EmpathyOn peut tenter de définir l’empathie comme étant une réponse émotionnelle orientée vers autrui et provoquée quand on perçoit l’autre dans le besoin1. Elle inclut des sentiments de sympathie, de compassion et de tendresse. En général, on distingue deux grandes composantes de l’empathie : l’empathie émotionnelle/affective et l’empathie cognitive2–4. L’empathie émotionnelle peut se définir comme étant le fait de ressentir les mêmes émotions qu’autrui et d’avoir une réaction émotionnelle de type compassionnel face à ses expériences. L’empathie cognitive consiste à reconnaître et comprendre les sentiments d’autrui et à se mettre à sa place.

Les femmes, notamment les femmes politiques, sont perçues comme plus compassionnelles que les hommes5. L’affection, la compassion et le désir d’apaiser les sentiments de mal-être d’autrui sont des qualités considérées comme plus désirables pour les femmes que pour les hommes6. Ce fait révèle un aspect normatif : les femmes subissent plus de pressions à être empathiques et à consoler les autres que les hommes.

De très nombreuses études démontrent que, lorsqu’on les interroge, les femmes disent se reconnaître plus fréquemment dans des affirmations comme « J’aime prendre soin des autres », « J’arrive facilement à me mettre à la place des autres », etc. que les hommes4,7–19 (empathie autodéclarée). Par ailleurs, notons qu’au test des « Big Five » (un test de personnalité), les femmes obtiennent également des scores plus élevés que les hommes pour l’agréabilité, un trait de caractère qui caractérise les personnes coopératives, chaleureuses et empathiques20,21. Une étude israélienne8 menée auprès d’adolescent∙e∙s indique que c’est plus le genre que le sexe qui est un prédicteur de l’empathie autodéclarée, ce qui suggère que la différence entre hommes et femmes est socialement construite. Dans cette étude, des garçons « féminins » (qui ont des traits de caractères généralement attribués aux femmes et recherchés chez celles-ci) ont plus d’empathie que des filles peu « féminines ». La masculinité n’avait pas d’effet significatif (notons que des individus pouvaient avoir des traits à la fois masculins et féminins, et d’autres, aucun des deux).

a-consoler-sans-moderation,M258249Une même tendance se révèle quand on demande à des participant∙e∙s des deux sexes de reporter les émotions qu’iels ressentent en regardant une vidéo ou en lisant un récit dépeignant une personne dans une situation difficile7. Les femmes ont alors plus fréquemment tendance à dire qu’elles se sentent désolées ou compassionnelles envers le personnage de la vidéo ou du récit, même si dans plusieurs études, aucune différence significative n’est détectée. Des travaux indiquent que cette différence en faveur des femmes n’apparaît que si les femmes ont au préalable subi la même expérience douloureuse que la personne observée22.

De même, les femmes semblent dans plusieurs études parvenir à mieux identifier les émotions d’autrui, mais dans d’autres travaux, aucune différence significative entre hommes et femmes n’a pu être détectée23. Il a pu être démontré que cet écart entre hommes et femmes était dû à une différence de motivation, et non de capacité23,24. Quand les femmes savaient qu’elles étaient évaluées pour cette tâche et/ou étaient amenées à croire que leur capacité à être compassionnelles était évaluée, elles étaient meilleures, probablement parce qu’on attend des femmes qu’elles puissent prédire les sentiments, pensées et besoins des autres, et y répondre. Dans les mêmes conditions (femmes et hommes savaient que leurs capacités à identifier des émotions et à être compassionnel∙le∙s étaient évaluées) mais en échange d’argent en fonction de la réussite au test d’identification des émotions, le score de chaque sexe augmentait fortement (surtout celui des hommes) et la différence entre hommes et femmes n’était plus significative24.

La plus grande empathie des femmes est également révélée par quelques études de neuroscience15,25,26.  Une étude15 a ainsi consisté à visualiser l’activité cérébrale (par IRM fonctionnelle) de participant∙e∙s des deux sexes pendant deux tâches :

  • identification des émotions d’un visage en images de synthèse
  • identification de ses propres émotions face à ce visage
partie triangulaire du gyrus frontal inférieur

La partie triangulaire du gyrus frontal inférieur serait impliquée dans l’empathie (source)

En plus de cela, les participant∙e∙s devaient remplir différents questionnaires, dont l’un sur leur niveau d’empathie et l’autre sur le niveau d’émotion ressentie face au visage. A ces deux questionnaires, les femmes obtenaient un score significativement supérieur à celui des hommes. L’étude montre que l’activation de certaines régions du cerveau (en particulier la partie triangulaire du gyrus frontal inférieur) est corrélée au niveau d’empathie et dans une moindre mesure à l’intensité des émotions ressenties. Certaines de ces corrélations restent significatives même si l’on examine hommes et femmes indépendamment. Or les femmes activaient significativement plus ces régions que les hommes, notamment la partie triangulaire du gyrus frontal inférieur lors des deux tâches décrites ci-dessus.

Faisons remarquer que les différences entre hommes et femmes trouvées dans le fonctionnement du cerveau ne sont pas nécessairement innées. Ces différences peuvent très bien résulter d’une différence de sociabilisation (cf. la notion de plasticité cérébrale).

Cette différence d’empathie entre hommes et femmes se traduit par une différence de comportement. Par exemple, les femmes donnent plus aux œuvres caritatives, que ce soit en termes d’argent ou de temps (bénévolat), et les analyses statistiques suggèrent que cet écart serait au moins en partie dû à leur plus grande empathie18,19. Mais surtout, la compassion, l’altruisme et l’empathie sont des qualités nécessaires à une bonne épouse et mère de famille, chargée de prendre soin de son mari  et de ses enfants.

Le soin : un travail de femmes

La Toilette de l'enfant

La Toilette de l’enfant (1894), par Mary Cassatt

Cette empathie et cet altruisme correspondent au rôle de « care » (soin) traditionnellement assigné aux femmes, en particulier au sein de la famille. Ce sont en effet elles qui s’occupent majoritairement des enfants27, des personnes âgées28 ou malades, et des personnes vulnérables en général29. Elles sont aussi responsables de la gestion des relations sociales et du maintien des liens familiaux ou amicaux. Par exemple, au sein des couples hétérosexuels, les belles-filles servent de médiatrices entre belle-mère et fils/partenaire, et font des efforts pour maintenir le lien entre les deux, en répondant au téléphone, ou en poussant leur partenaire à rendre visite ou à appeler sa mère30,31.

On parle de « travail émotionnel » pour désigner toutes les actions et intentions déployées afin d’améliorer le bien-être d’autrui. Ce travail émotionnel qui consiste à consoler, apaiser ou rassurer est majoritairement porté par les femmes. On peut par exemple noter que, par rapport aux hommes, les femmes ont un style conversationnel davantage fondé sur le partenariat, qu’elles expriment plus de compassion, de compréhension et d’intérêt pour ce que dit leur interlocuteur (voir article genre et parole). Deux études finnoises menées auprès d’adolescent∙e∙s32 et d’étudiant∙e∙s16 montrent que les femmes considèrent plus fortement que les hommes, et ce, de manière significative, la bienveillance (préserver et améliorer le bien-être de ses proches dans les interactions quotidiennes) et l’universalisme (compréhension, tolérance, protection de la nature et protection du bien-être de tou∙te∙s) comme des valeurs guidant leur vie.

Couple

« Derrière chaque grand homme se cache une femme » : ce proverbe suggère que les hommes ne pourraient réaliser de grands desseins s’il n’y avait pas une femme à la maison pour accomplir les travaux domestiques, y compris le travail émotionnel. Ces travaux n’étant pas reconnus, ils demeurent cachés.

Le travail émotionnel des femmes est particulièrement prégnant au sein des couples hétérosexuels33. On attend ainsi des femmes qu’elles prennent soin de leur conjoint en lui prodiguant de l’attention. Une étude33 menée auprès de 102 couples hétérosexuels démontre qu’il existe un déséquilibre entre hommes et femmes en ce qui concerne le travail émotionnel : les femmes en font beaucoup plus. Ce déséquilibre entraîne chez celles-ci une détresse psychologique due au fait qu’elles se sentent peu aimées par leur partenaire.

On peut donner des exemples concrets de ce déséquilibre au sein du couple hétérosexuel : par exemple, dans les discussions qu’elles ont avec leur époux, les femmes hétérosexuelles font d’importants efforts pour maintenir la conversation (et donc le lien émotionnel entre conjoint∙e∙s), en lançant par exemple des sujets susceptibles d’intéresser leur partenaire34. Les hommes font moins d’efforts, et certains montrent même qu’ils ne sont pas du tout intéressés par une conversation avec leur conjointe34 (voir le genre et la parole). Autre exemple marquant : selon une étude, les femmes mariées et hétérosexuelles ont 7 fois plus de chances d’être abandonnées par leur conjoint quand elles tombent gravement malades (21% des cas) que les hommes par leur épouse quand ils sont dans la même situation (3% des cas)35. En tout, 11.6% des relations de cette étude finirent par un divorce, un taux similaire à celui de la population générale pendant la même période. Cela signifie que, lorsque l’homme tombe malade, le taux de divorce diminue, la femme ayant tendance à rester auprès de son conjoint de façon à pouvoir s’occuper de lui. A l’inverse, quand une femme tombe malade, les rôles s’inversent : le mari doit s’occuper de son épouse alors qu’elle ne peut plus s’occuper de lui. Dans cette situation, environ un homme sur cinq préfère donc prendre le large.

femme médecin

Les femmes médecins sont en moyenne plus empathiques et prennent plus de temps pour effectuer un travail émotionnel auprès de leurs patient-e-s

Par ailleurs, même au niveau professionnel, les métiers liés au soin et/ou au service, et qui consistent donc à satisfaire les désirs et les besoins d’autrui, sont majoritairement occupés par les femmes36 : infirmière, secrétaire, hôtesse de l’air… Ces métiers qui exigent la suppression de certaines émotions, comme la colère, induisent un sentiment d’inauthenticité et peuvent conduire au burn-out37,38. Une étude39 montre que les femmes adultes sont plus attirées par les métiers qui requièrent de l’altruisme et qui permettent une vie de famille que les hommes ; à l’inverse, les hommes choisissent significativement plus les métiers conférant du pouvoir et un bon revenu que ne le font les femmes. On retrouve ce schéma dans une moindre mesure chez les enfants et les adolescent∙e∙s. Plusieurs études (synthétisées dans une méta-analyse/review40) ont aussi montré, que par rapport aux hommes médecins, les femmes médecins s’engagent significativement plus dans des entretiens psychosociaux avec leurs patient∙e∙s (permettant de détecter des risques pour leur santé mentale), que les relations qu’elles construisent avec celleux-ci sont plus basées sur le partenariat et sur l’absence de domination, et qu’elles les félicitent ou encouragent plus fréquemment. Elles seraient également plus concernées par leurs émotions et exprimeraient plus d’empathie à leur égard (sauf apparemment pour les gynécologues, où l’on aurait plutôt tendance à trouver l’inverse). Elles feraient également plus souvent appel à une communication non verbale positive (sourire, hochement de tête en signe d’accord ou d’intérêt, voix amicale…). Ainsi, même au sein d’une seule et unique profession, les femmes se distinguent des hommes par un travail émotionnel et de « care » plus important. Cela pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi leur temps de consultation est plus long – deux minutes de plus en moyenne que les hommes médecins, ce qui peut d’ailleurs les désavantager par rapport à ces derniers qui reçoivent alors un plus grand nombre de patient∙e∙s dans un même intervalle de temps.

Contrairement aux hommes, les femmes sont donc davantage tournées vers les besoins des autres (notamment ceux des hommes), souvent au détriment des leurs. Leur tendance à l’empathie et à l’altruisme se manifeste notamment par le déséquilibre en termes de soins et de travail émotionnel présent dans leurs relations avec les hommes. On peut donc considérer que cet altruisme confine à l’abnégation, et constitue alors une forme de subordination, puisque les femmes donnent sans recevoir. L’objectif de cet article et des deux suivants est de montrer que cet altruisme des femmes doit se refléter dans leur apparence physique, à travers un idéal d’abnégation.

Veuillez sourire, s’il vous plait !

Stepford Wives

The Stepford Wives, 1975

La beauté d’une femme n’est pas qu’une question de stricte apparence, c’est aussi une question d’attitude, et notamment de « body langage ». On sait qu’une femme « belle », en tout cas féminine et pas trop vulgaire, ne doit pas parler fort, ne doit pas parler trop, ne doit pas dire de grossièretés… Une femme convenable ne doit pas non plus se mettre en colère. Elle est par contre invitée à sourire.

Et en effet, les femmes sourient en moyenne plus souvent que les hommes, comme l’indiquent de très nombreuses études, synthétisées par des méta-analyses41,42. Selon une étude américaine qui a examiné des photos de classes, cette différence commence à devenir significative vers l’âge de 9-10 ans et augmente jusqu’à l’âge de 15-16 ans pour ensuite se stabiliser à l’âge adulte43. Les femmes craignent plus que les hommes d’être mal perçues si elles ne sourient pas quand un∙e ami∙e leur annonce une bonne nouvelle44, ce qui suggère qu’elles subissent plus de pressions pour sourire dans certaines situations, notamment quand il s’agit de se réjouir pour autrui.

Une étude45 montre que les hommes hétérosexuels trouvent qu’une femme est sexuellement plus attirante quand elle sourit que quand elle mime des expressions neutres, de fierté ou de honte. A l’inverse, les femmes hétérosexuelles trouvent un homme plus attirant s’il a l’air fier, et peu attirant s’il sourit. Les auteurices en déduisent que les femmes joyeuses sont particulièrement attirantes, et qu’à l’inverse, les hommes joyeux ne le sont pas. Mais je ne suis pas certaine que cette conclusion soit correcte car si l’on examine les images (visibles ici) proposées aux participant∙e∙s, on voit que le sourire n’est pas un sourire de joie (cf paragraphe suivant sur la différence entre sourires de joie et sourires sociaux). Les personnes des photos ont donc plutôt l’air mal à l’aise (surtout la femme).

En quoi le sourire peut-il représenter le « care » ou la subordination ? D’abord, l’expression de la joie  est quelque chose que l’on attend d’une personne amicale et serviable, ce qui correspond au rôle du  « care » assigné aux femmes46 . Précisons par ailleurs que tous les sourires n’expriment pas la joie. On sourit aussi par politesse ou quand on est embarrassé∙e. Par exemple, on sourit (en s’excusant) quand on a pris quelqu’un pour un vendeur alors qu’il n’en était pas un, ou quand on croit avoir interrompu par erreur une conversation entre deux personnes47. Ces sourires sont parfois appelés « sourires sociaux ». Les sourires de joie (dénommés aussi « sourires de Duchenne ») se distinguent des sourires sociaux par le fait qu’ils impliquent la contraction du muscle orbiculaire de l’œil, un muscle situé autour des yeux. Ce muscle est difficilement contrôlable. On considère donc que les sourires de joie peuvent être difficilement imités ; ils sont donc plus spontanés que les sourires sociaux48. Les études montrent que les femmes sourient plus souvent de joie que les hommes et qu’elles affichent également plus fréquemment des sourires sociaux41,49–51.

Sourires

A : un sourire social, B : un sourire de joie.  Remarquez que les yeux sont plus plissés à droite qu’à gauche (source)

embarrasPlusieurs études montrent, que lorsqu’on exprime de l’embarras (qui inclut typiquement un sourire social) après avoir commis une erreur relativement bénigne (ne pas avoir obéi à ses parents en tant qu’enfant, avoir renversé des boîtes de conserve dans un supermarché…), cela induit de l’amusement chez autrui, ce qui permet de faire oublier l’erreur commise52. On est par conséquent moins socialement puni. Certains sourires sociaux, notamment ceux exprimés en situation d’embarras, constituent donc un moyen d’apaiser autrui (de réduire son agressivité). Ils permettent de témoigner de sa non-hostilité et de son amitié, et d’adoucir les relations sociales. Ces sourires sont parfois utilisés en situation de violence : ainsi, les femmes qui sont harcelées sexuellement ont le réflexe de sourire, probablement pour désamorcer l’agresseur. En effet, une étude53 démontre que lors de simulations d’entretien d’embauche, si celui qui joue le rôle du recruteur (un homme) pose des questions déplacées (« Avez-vous un petit ami ? », « Pensez-vous qu’il soit important que les femmes portent un soutien-gorge au travail ? ») à la candidate, et se comporte donc en harceleur sexuel, cette dernière affichera significativement plus de sourires sociaux que si elle n’est pas harcelée. Il a par ailleurs été montré que les personnes qui ont tendance à être agressives affichent moins fréquemment des sourires sociaux49. Des éthologistes ont remarqué que les comportements d’apaisement (embarras et honte) exprimés par les humains correspondent aux comportements de soumission (réduction de l’espace occupé, évitement du regard, baissement de tête) que l’on retrouve chez plusieurs espèces animales52. Chez certains animaux, des canidés aux primates, dévoiler les dents dans un comportement semblable au sourire constitue dans certaines situations un signe de soumission et/ou de peur (dans d’autres circonstances, un « sourire » peut exprimer la volonté de jouer)54–56.

A gauche : un chimpanzée effrayé; à droite : un chien en posture de soumission (source)

A gauche : un chimpanzé effrayé (source) ; à droite : un chien en posture de soumission (source)

Tout cela suggère qu’il existe un lien entre domination et sourire. Néanmoins ce lien est complexe car il dépend des situations, des types de domination et des types de sourire. Cela explique pourquoi les études ont parfois trouvé des résultats contradictoires. Il est tout de même clair que, dans un certain nombre de cas, le sourire est un signe de subordination. On sait par exemple que les personnes timides, à cause de la peur qu’elles ressentent vis-à-vis des autres, expriment de manière excessive des comportements d’apaisement, et notamment de nombreux sourires sociaux (elles parlent également peu et prennent peu d’espace – d’autres caractéristiques appréciées chez les femmes)57. Or la timidité est associée à une faible estime de soi et à des positions sociales subordonnées52. Une étude indique que les femmes qui affichent des sourires sociaux sont considérées comme moins intelligentes et moins compétentes ; celles qui sourient de joie sont en revanche évaluées plus positivement50. Les résultats d’une expérience58 montrent que les femmes qui choisissent volontairement, dans une situation donnée, d’adopter un statut de subordonnée sourient significativement plus que celles qui auraient préféré un rôle de dominante mais qui ont été placées malgré elles dans un rôle de subordonnée. Les femmes aux rôles subordonnés sont également perçues comme moins dominantes si elles sourient. En revanche, dans cette même étude, le sourire était plutôt perçu comme un signe de dominance chez les hommes.

Les hommes sourient quand ils sont confiants et sereins

Les hommes sourient quand ils sont confiants et sereins

Une autre étude51 indique que chez les personnes qui sont en situation de pouvoir, sourire est en lien avec les émotions : quelqu’un de puissant sourira plus s’il est heureux et/ou pas malheureux, et affichera notamment plus de sourires sociaux. En revanche, cela n’est pas vrai pour les personnes en situation de subordination, qui sourient indépendamment de ce qu’elles ressentent (une corrélation négative non significative suggère même qu’une personne subordonnée affiche plus de sourires sociaux quand elle ne se sent pas bien). Les autrices en concluent que les personnes en situation de domination ont le privilège d’exprimer leurs émotions ; celles en situation de subordination ont en revanche l’obligation de sourire quels que soient leurs sentiments.

Une étude (qui distingue indépendamment émotions positives et négatives contrairement à l’étude précédente, et dont les résultats ne sont pas directement comparables par conséquent)59 montre que les femmes sourient plus quand elles sont heureuses que quand elles ne ressentent pas d’émotions positives. Mais plus de 65% d’entre elles continuent de sourire même quand elles ressentent des émotions négatives, voire très négatives. Les hommes ne sourient qu’en l’absence d’émotions négatives (leur propension à sourire n’est en revanche pas liée à la présence d’émotions positives). Les auteurs supposent que le fait que les hommes sourient en l’absence d’émotions négatives (et donc en l’absence de honte, de culpabilité, de peur ou d’autres sentiments négatifs) indique qu’ils sourient quand ils sont confiants et sereins. Les femmes sourient quand elles sont heureuses, mais ne semblent pas s’arrêter de sourire en présence d’émotions négatives. Cela peut suggérer qu’elles continuent à vouloir faire « bonne figure », même si elles ressentent de la colère, du dégoût ou de la honte. Les résultats d’une expérience vont dans ce sens, puisqu’ils montrent que les filles âgées de 6 à 9 ans parviennent mieux à cacher leur déception quand elles reçoivent un cadeau qui ne leur plaît pas que les garçons du même âge60. On peut aussi établir un lien avec le fait que les métiers de service et/ou de contact, qui sont majoritairement occupés par des femmes, requièrent d’être souriant∙e, et imposent la suppression de l’expression de certaines émotions comme la colère38. Est-ce que, dans ces conditions, ces sourires n’indiquent pas une forme d’abnégation, à savoir un refoulement de ses ressentis négatifs ?

En conclusion, les femmes sourient plus souvent que les hommes. Elles affichent plus de sourires de joie et de sourires sociaux. Le sourire peut avoir plusieurs significations, mais il semble clairement lié au « care », au moins dans certaines situations : exprimer sa joie, sa non-hostilité, voire sa bienveillance, son amitié ou encore essayer d’apaiser autrui sont clairement des devoirs attendus de la part des femmes. Cette astreinte à sourire peut dangereusement inhiber chez ces dernières la faculté d’exprimer certaines émotions négatives (la colère est a fortiori interdite).

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  45. Tracy, J. L. & Beall, A. T. Happy guys finish last: the impact of emotion expressions on sexual attraction. Emotion 11, 1379–1387 (2011).
  46. Hess, U., Jr, R. A. & Kleck, R. Who may frown and who should smile? Dominance, affiliation, and the display of happiness and anger. Cognition and Emotion 19, 515–536 (2005).
  47. Goldenthal, P., Johnston, R. E. & Kraut, R. E. Smiling, appeasement, and the silent bared-teeth display. Ethology and Sociobiology 2, 127–133 (1981).
  48. Ekman, P. & Friesen, W. V. Felt, false, and miserable smiles. J Nonverbal Behav 6, 238–252 (1982).
  49. Prkachin, K. M. & Silverman, B. E. Hostility and facial expression in young men and women: is social regulation more important than negative affect? Health Psychol 21, 33–39 (2002).
  50. Woodzicka, J. A. Sex Differences in Self-awareness of Smiling During a Mock Job Interview. Journal of Nonverbal Behavior 32, 109–121 (2008).
  51. Hecht, M. A. & LaFrance, M. License or Obligation to Smile: The Effect of Power and Sex on Amount and Type of Smiling. Pers Soc Psychol Bull 24, 1332–1342 (1998).
  52. Keltner, D., Young, R. C. & Buswell, B. N. Appeasement in human emotion, social practice, and personality. Aggressive Behavior 23, 359–374 (1997).
  53. Woodzicka, J. A. & LaFrance, M. Real Versus Imagined Gender Harassment. Journal of Social Issues 57, 15–30 (2001).
  54. de Waal, F. B. M. & Luttrell, L. M. The formal hierarchy of rhesus macaques: An investigation of the bared-teeth display. Am. J. Primatol. 9, 73–85 (1985).
  55. Beisner, B. A. & McCowan, B. Signaling context modulates social function of silent bared-teeth displays in rhesus macaques (Macaca mulatta). Am. J. Primatol. 76, 111–121 (2014).
  56. Bout, N. & Thierry, B. Peaceful Meaning for the Silent Bared-Teeth Displays of Mandrills. Int J Primatol 26, 1215–1228 (2005).
  57. Asendorpf, J. B. in Shyness and embarrassment: Perspectives from social psychology 87–118 (Cambridge University Press, 1990).
  58. Mast, M. S. & Hall, J. A. When Is Dominance Related to Smiling? Assigned Dominance, Dominance Preference, Trait Dominance, and Gender as Moderators. Sex Roles 50, 387–399 (2004).
  59. Vazire, S., Naumann, L. P., Rentfrow, P. J. & Gosling, S. D. Smiling reflects different emotions in men and women. Behavioral and Brain Sciences 32, 403–405 (2009).
  60. Davis, T. L. Gender Differences in Masking Negative Emotions: Ability or Motivation? Developmental Psychology 31, 660–67 (1995).

34 réflexions sur “L’impuissance comme idéal de beauté des femmes – le sourire

  1. Merci pour cet article encore une fois intéressant.

    Cela rappelle le sourire imposé aux Noirs dans l’imaginaire raciste et colonial…! Et l’injonction à l’humour faite aux personnes racisées (Maghrébins, Noirs…)

    On le voit dans le monde du travail…une femme autoritaire, « froide », déterminée, peu (ou pas) souriante sera toujours mal perçue…alors que pour un homme c’est une qualité, une marque de leadership et de charisme. Les femmes politiques qui ne se soumettent pas à ces injonctions sont détestées et souvent ne font pas long feu.

  2. Je l’ai déjà lu. Je trouve cet article remarquablel Surtout l’impuissance.Vous devriez en proposer une version à Nouvelles questions féministes, en faisant une sous-parte plus développée sur les empêchements à courir–les jupes , les talons–à marcher–les talons très hauts, à garder son argent–les porte-monnaie dans les sacs si facilement arrachés; les empêchements à voir: la grande mèche si féminine, qu’il faut recoincer derrière l’oreille toutes les deux minutes.( Ce sont juste quelques exemples).Bien cordialement,

    • Bonjour, merci beaucoup pour votre proposition ! Une sous-partie n’a pas encore été écrite (« souffrir pour être belle ») et je vais donc retravailler la sous-partie sur la mobilité. Mais dès que ce sera fait, je le soumettrai à Nouvelles Questions féministes.

      Bien cordialement

  3. Merci Antisexisme pour cet article bien documenté.
    Je me fais souvent reprendre quand je ne souris pas. Le plus souvent, la personne qui me fait la remarque est un homme, pas particulièrement souriant.

    Un petit détail : « Une étude (qui distingue indépendamment émotions positives et négatives »
    Il n’y a pas d’émotion positive ou négative, juste des émotions agréables et d’autres désagréables. Les émotions désagréables sont importantes car elles permettent de prendre conscience que quelque chose ne va pas et donc d’essayer d’y remédier.

    • Merci de ton commentaire Nurja !

      Oui, tu as raison pour les émotions désagréables comme la colère, la peur, le dégoût : ce sont des émotions utiles, et même nécessaires. Et je comprends que tu trouves les termes « négatif »/ »positif » mal choisis. Mais j’ai l’impression que dans les articles de psychologie, c’est les termes employé, alors je préfère suivre cette terminologie.

  4. Excellent comme tout ce que je lis sur ce blog exceptionnel, riche et détaillé avec une précision aiguisée + les commentaires aussi riches et lucides, merci de tout coeur, un bel écho à ma propre compréhension et plus encore! Je fais circuler…

  5. ou est ce quel article veut en venir exactement?
    La femme s’est vu assignée un statut social particulier et complexe, comme chez tous les organismes vivants séxués ! oui !

    Alors oui,sexisme,inégalité ,etc… mais …comment retablir l egalité quand l’une doit enfanter, et l’un non?
    Sans hypocrisie , si la survie de l’espèce dépend de la femme (ojectivement) ,il est bien normal que son rôle soit celui de la survie, par tous les moyens disponibles .
    L’empathie en fait partie!

    Mais l’empathie est tout aussi efficace chez l’homme … bien que moins nécessaire.
    Je ne veux pas paraitre pour un affreux machiste réactionnaire, mais si la femme atteint à sa libération, hors de tout conditionnements , qu est ce qui va garantir la survie de l’espèce?

    Evidemment, il y aura des femmes moins soucieuses de leurs prérogatives ou droits à l equité pour procréer, donc je dis, doucement dans le combat !
    La nature est ainsi, attaquez les lois ou dogmes, plutot que les humains ,et surtout la nature.

    • C’est facile de dire que la « nature » est responsable des inégalités entre hommes et femmes, et que donc, c’est comme ça, qu’il n’a rien à y faire, que ça changera pas, et que personne n’est responsable. Un bon gros cliché. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est répandue qu’elle est vraie. Et il ne suffit pas d’affirmer certaines choses, encore faut-il essayer d’apporter des éléments qui puissent appuyer ces affirmations.

      • La préoccupation de la survie de l’espèce quelle mauvaise plaisanterie. J’ai remarqué que cette inquiétude pour la survie de toute l’humanité n’était présente que chez les gros salopards haineux qui s’en servent pour pourrir l’existence de tout ce qui n’est pas un de leur clone salopard et haineux. C’est une préoccupation de conquérant·e·s. Il faut être les plus nombreux pour aller buter les autres et leur prendre ce qu’on voulait leur prendre.

        Par exemple les homophobes aiment bien dire que l’humanité serait menacé par l’existence des homosexuel·le·s avec le même argument.
        Pareillement chez les personnes sexistes (tel que Louise qui n’est même pas capable de parlé des femmes au pluriel). On dirait en fait qu’il parle de vaches laitières : « Je ne veux pas paraitre pour un affreux machiste réactionnaire, mais si la vache laitière atteint à sa libération, hors de tout conditionnements , qu est ce qui va garantir la survie de l’espèce? ».

        Ce qui est « drôle » c’est que pour ces machistes homophobes, l’espèce en fait c’est uniquement les mâles hétéros (probablement blancs aussi). Parce que Louise lui il est libre, c’est ca qui fait un homme de lui et lui ca le dérange pas trop de privé les femmes de liberté pour garder la sienne à lui. D’un coté vous avez les vrai hommes, les hommes libres qui sont l’espèce, et de l’autre vous avec les « la femme », pas libre et conditionnées pour la survie d’une espèce qui n’est pas la leur, celle des hommes libres comme Louise.
        Tant pis si cette perpétuation signifie que les femmes sont violées, battues, humiliées … ca sera jamais aussi important la survie du nombril de Louise en tant qu’espèce.

        Je comprend que Louise trouve la culture du viol plus à son avantage et qu’il n’en ai rien à fiche de 3,5 milliards de personnes qu’il considère comme du bétail. Par contre lui, il va lui falloir comprendre que c’est hors de question qu’il me bourre le cul pour perpétuer sa race de merde. Il va falloir qu’il comprenne que c’est fini la rigolade, moi j’ai qu’une vie et je vais pas la perdre à perpétuer des ordures de son espèce.

        • Bonjour Meg, c’est absolument vrai ce parallèle avec l’homophobie lié à la peur de la survie de l’espèce! D’ailleurs j’ai entendu ce même propos lors d’une conférence sur la religion vis à vis de l’homosexualité donné par Pierre Bamony. Il a écrit un livre sur le sujet: « Bio-anthropologie de la sexualité. Homosexualité et hédonisme féminin. »

          Pour revenir à notre semoule, des tas d’espèces disparaissent à des proportions et des vitesses de plus en plus effrayante pour l’équilibre écologique de la planète mais holala la soudaine disparition de l’espèce humaine à cause d’une révolution des femmes qui veulent être respectées et traitées avec dignité et holala les homosexuel-le-s qui demandent pareil alors qu’on est à plus de 6 milliards d’être humain (loin d’une disparition ou d’un danger de disparition donc) c’est tellement trop trop grave et super méga flippant, les prophéties d’apocalypses à côté c’est du pipi de chatons!! Flippons, par jupiter, mouillons la culotte!

          Donc un argument aussi stupidement irrationnel devrait à lui seul garantir un statu quo qui non seulement opprime d’autres êtres humains (la grande famille de toutes celles et tout ceux qui ne sont pas des mâles blancs hétéro et fortuné) mais en plus perpétue un comportement tout aussi irrationnel que sa propre autodestruction, la destruction de son environnement! Et avec ça, faudrait applaudir un raisonnement aussi malade! Vous n’avez honte de rien messieurs!

          Sinon bravo et merci aux autrices de ce blog de faire un si bon travail de recherche! J’ai fais un petit donc pour contribuer.

            • C’est au nom de la survie de l’espèce que les mâles hétéros ont crée la bombe atomique, les armes à feu, les avions de chasse….et investissent des sommes hallucinantes en recherche militaire et armement quand des enfants crèvent de faim aux 4 coins du monde. Ces mâles ne semblent pas être perturbé par cette situation…

              Simone de Beauvoir observait déjà que les anti-avortement parlaient des « droits des foetus » que les ignobles avorteuses « tuaient ». Mais, observait elle avec ironie, ces mêmes militants des droits des enfants ne se souciaient guère des orphelins, des enfants affamés, abandonnés, battus et violés au sein même de leur famille, ect

  6. Euh.. je rectifie donc, suite à ce que je viens de lire (affirmation sans argumentation éclairée de Louis(e) ci-dessous à 2h55) :
    – Donc, non, tous les commentaires ne sont pas lucides (la preuve une fois de plus), comme observé chaque jour à travers les différents blogs salutaires qui traitent de ces tabous mortifères et orientés mâle-honnêtement, à mon sens, dans l’unique but de contrer la réalité des faits et des dramatiques conséquences de ce déni quasi général, fait pour maintenir cette domination sexiste génocidaire en place, tout en évoquant le pseudo défaut de la « nature » ! C’est comme ceci et puis c’est tout, la ferme !! Nature encore bafouée violemment par le vide sidérale surréaliste et mensonger qui prône la déresponsabilisation TOTALE des hommes et de ceux qui regardent avec les lunettes déformantes du masculinisme/sexisme. A savoir, c’est bien fait pour nous, puisque c’est la nature qui le veut et qui est faite ainsi ! Femmes, pas bouger !!! Ah bon?! Et, peut-on savoir ou cela est inscrit dans la nature, svp? Donc, non merci, je m’adresse à vous Louis(e) je n’en peux plus de ces vaines pirouettes scabreuses sans fond qui se veulent prétendument éclairées par l’affirmative et pourtant sans la moindre argumentation viable mais d’une ignorance crasse et provocatrice comme usité depuis la nuit des temps pour dénier la réalité des faits/conséuquences et maintenir les beaux jours du patriarcat génocidaire criminel en place qui a peur de perdre ses avantages. Alors, stop, le déni ça suffit!

  7. Très intéressant, une fois de plus !
    J’ai bien aimé la référence à l’imagerie fonctionnelle puisque la médecine nucléaire aussi permet d’étudier le cerveau sous son aspect fonctionnel !

  8. Merci et tous mes compliments pour cet article.
    Une petite remarque cependant à propos du cerveau. Attention de ne pas donner aux déterministes (tels que Louise, par exemple qui se prévalent d’une nature qu’ils ne connaissent pas voire qu’ils renient totalement et sans vergogne) une pierre d’achoppement en leur donnant une occasion de justifier la différence des cerveaux féminins et masculins. Je sais que ce n’est pas ce que tu prétends, mais peut-être serait-il prudent de spécifier la qualité « plastique » du cerveau ; ce n’est pas lui qui nous dicte notre comportement, mais c’est notre comportement qui lui donne forme.
    Voir les études réalisées par Catherine Vidal à ce sujet (il se peut que tu la connaisses déjà d’ailleurs).
    Merci encore,
    aller, hop, un p’tit don.

    • Bonjour !
      Oui, tout à fait pour le cerveau : ce n’est pas parce qu’on identifie des différences dans le cerveau qu’elles sont innées. Je vais rajouter 1-2 phrases à ce sujet.
      J’ai aussi reçu un commentaire (non validé) d’un phallocrate qui me traitait de nazie à cause de cette incompréhension, donc ça peut valoir le coup de préciser.
      Merci beaucoup pour le don ! et à très bientôt

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  15. Je découvre votre blog avec grand intérêt. Contrairement aux autres articles tout aussi passionnants, mais aux sujets plus graves, celui m’a fait…sourire!
    De nature extravertie, je réfléchis à mes propres sourires sociaux.
    J’oserais affirmer que ce geste n’appartient pas uniquement au genre mais à la culture de chacun.
    Je généralise pour m’expliquer : les européens sourient moins que les chinois, qui sourient socialement pour tout… et pour rien. Les latino-américains sont souvent perçus par les européens comme « pauvres mais heureux » en raison de leurs sourires affichés partout.
    Ces sourires culturels seraient-ils aussi un héritage de la subordination des colonisés face au Conquistador? De bienveillance face aux touristes?
    Les statuettes souriantes de Mésoamérique (IIèmeS aprèsJC) représenteraient des personnalités puissantes sous alcaloïdes. Donc vulnérables mais drôles et bienveillants à ce moment précis. De quoi sourire de joie, même deux mille ans plus tard…

  16. Pingback: Souffrir pour être belles | Dans Mon Tiroir

  17. Bonjour,
    Je considère que la partie que vous développez sur l’empathie est loin d’être complète.
    Les hommes sont aussi altruistes que les femmes que les hommes mais différemment.
    Les femmes vont plus souvent travailler dans les métiers liés au care mais les hommes dans les métiers dangereux (95% des victimes d’accident mortels au travail sont des hommes) les hommes sont surreprésentés chez les pompiers (il faut beaucoup d’empathie pour faire ce métier).
    Les hommes risquent bien plus souvent leur vie pour sauver d’autres personnes que les femmes
    Exemple :
    https://www.20minutes.fr/lyon/1674263-20150827-lyonnais-fait-attaquer-lion-kenya
    En cas de danger un homme va plus souvent protéger sa compagne que l’inverse.

    « Le félin a attaqué la tente où dormait le couple pendant la nuit. Essayant de protéger sa compagne, l’homme a tenté de barrer la route au lion avec son bras gauche. »

    Enfin, au cours d’expériences dans lesquelles une personne simule une situation problématique (tomber dans la rue, être victime d’une crise, etc.), les hommes aident plus souvent que les femmes.

    http://www.psychologie-positive.net/spip.php?article154

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