Faut-il opposer les cultures occidentales aux autres cultures ?

Extrait de la couverture des Pieds bandés, bande-dessinée de Li Kunwu
Partie 1 : Introduction
Partie 2 : Un beau corps féminin est un corps qui n’occupe pas trop d’espace
Partie 3 : Un beau corps féminin se déplace avec difficulté
Partie 4 : Un beau corps féminin est un corps à l’air jeune voire enfantin et qui est sexualisé
Partie 5 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – le sourire
Partie 6 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la répression des désirs
Partie 7 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la souffrance physique
Partie 8 : Un beau corps féminin est un corps qui exprime l’abnégation – la souffrance morale
Partie 9 : Sorcières et féministes, quelques figures de la laideur féminine
Partie 10 : Universalité des idéaux de faiblesse 1
Partie 11 : Universalité des idéaux de faiblesse 2
Partie 12 : Conclusion
Supplément : la coercition à la beauté
Supplément : L’impuissance comme idéal de beauté en vidéo
J’ai décidé d’écrire ce petit complément car j’anticipe certaines réactions à mon article sur douleur des pratiques de beauté. En effet, dans celui-ci, je compare les pratiques de beauté occidentales à des pratiques étrangères, qui nous apparaissent comme horribles : excision, bandage des pieds, etc. Je pense que certain∙e∙s lecteurs/trices pourront rétorquer qu’en Occident, les femmes s’imposent d’elles-mêmes ces pratiques douloureuses, tandis que des pratiques comme le bandage des pieds et les mutilations génitales féminines sont/étaient effectuées généralement sur des fillettes qui n’ont/n’avaient pas leur mot à dire.
Je pense qu’opposer l’Occident (où les femmes seraient « libres » de se faire « belles ») et les autres cultures (où les femmes seraient sous contrainte) n’est pas pertinent. Il ne s’agit pas là de nier qu’il peut y avoir des différences énormes entre cultures et que chez certaines, les pratiques cherchant à modifier le corps des femmes sont bien plus violentes, et les contraintes bien plus fortes, que chez d’autres.
Je vais m’appuyer sur deux exemples de pratiques de beauté étrangères à l’Occident : le bandage des pieds, pratiqué en Chine jusqu’au début du XXème siècle, et les mutilations génitales féminines (MGF : « interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales » selon l’Organisation Mondiale de la Santé1), que l’on retrouve (sous sa forme « traditionnelle ») essentiellement dans certaines régions d’Afrique, d’Asie du Sud et du Moyen-Orient2. J’insiste sur le terme « pratiques de beauté » : ce n’est pas forcément l’image que nous nous en faisons, notamment concernant les MGF. Même si ces les deux interventions citées ci-dessus (le bandage des pieds, aussi bien que les MGF) sont conçues comme des moyens de préserver la chasteté des femmes, elles ont néanmoins une connotation esthétique très forte.
J’ai beaucoup lu sur ces pratiques qui feront peut-être un jour l’objet d’articles. Ce qui est très marquant, c’est que ces manipulations du corps féminin sont souvent effectuées sur des enfants par la force, mais que les adolescentes et les femmes adultes peuvent également s’y adonner, de manière apparemment libre. En réalité, comme en Occident, ces adultes ne font pas de choix « libre » car il existe des normes de beauté extrêmement fortes en leur faveur.
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